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Hamit Bozarslan, "Histoire de la Turquie: De l'Empire à nos jours"

Posted By: TimMa
Hamit Bozarslan, "Histoire de la Turquie: De l'Empire à nos jours"

Hamit Bozarslan, "Histoire de la Turquie: De l'Empire à nos jours"
Publisher: Tallandier | 2013 | ISBN: 1021000766 | French | EPUB/MOBI/PDF | 590 pages | 1.5/1.5/4.1 Mb

Né en Anatolie au XIIIe siècle, l'Empire ottoman s'étend trois siècles plus tard des portes de Vienne au Yémen, de l'Algérie à l'Irak. Qualifié d'«homme malade de l'Europe» à l'aube de la Grande Guerre, il s'effondre en 1923 et cède la place à la république kémaliste. Aujourd'hui, la Turquie contemporaine, dotée d'un système politique pluraliste, est candidate à l'Union européenne - candidature à laquelle la question kurde, la reconnaissance de Chypre et du génocide arménien font encore obstacle.

Fondé sur les ruines de l'Empire byzantin et du sultanat seldjoukide, l'Empire ottoman connaît plusieurs siècles de victoires et de conquêtes territoriales, avec en point d'orgue celle de Constantinople en 1453 par le sultan Mehmed II, dit le Conquérant. Le règne de Suleyman le Magnifique, sorte d'âge d'or ottoman, vient parachever cet empire universel et véritable puissance musulmane. C'est aussi la mise en place d'un État sacralisé qui explique sa longévité : plus de 600 ans, une exception dans le monde musulman. Au début du XIXe siècle, l'empire, en crise, tente de se réformer : un nouvel ordre, les Tanzimat [«réorganisations»], instaure un absolutisme éclairé, qui est suivi du règne autocratique d'Abdülhamid II et de la révolution jeune-turque de 1908. Après une décennie de guerre, un régime autoritaire, s'identifiant à Mustafa Kemal, voit le jour. À la lumière de ces sept siècles d'histoire et à travers une approche originale, Hamit Bozarslan donne à comprendre la Turquie d'aujourd'hui, celle de Recep Tayyip Erdogan, considérée comme une puissance émergente.
L'atmosphère générale de l'Europe était pénétrée de pensées de paix, de pensées de désarmement. L'idéal démocratique était en marche. Il assura que les Jeunes-Turcs achevaient précisément leurs derniers préparatifs en vue d'un coup d'État. La Turquie, État national et constitutionnel, quel triomphe de l'humanité !

Thomas Mann, La Montagne magique, 1912-1913.

Le héros italien de Thomas Mann, encyclopédiste et franc-maçon, exprimait en ces termes son désir de révolution en terre ottomane, désir qui allait être exaucé en juillet 1908. Peu de temps après ce «1789 sur les rives de Bosphore», cependant, Lütfi Fikri (1872-1935), lecteur passionné de François Guizot, pressentait que d'autres tempêtes, lourdes de «guerre civile», n'allaient pas tarder à se déclencher. Si Fikri voulait, à l'instar des whigs britanniques en leur temps, «éviter de se compromettre» individuellement, quitte à subir le calvaire de la dissidence, il lui fallait néanmoins mettre en garde le comité Union et Progrès au pouvoir contre toute tentation jacobine : «que les Unionistes lisent ce que les Jacobins ont fait. Ils ne passeront [alors] pas par les mêmes épisodes […]. Ils comprendront que [s'ils empruntent le même chemin que les Jacobins], ils n'auront pas d'autre issue qu'eux». Selon le politicien libéral, la situation ottomane était désormais mûre pour un 18 Brumaire ; hélas, Enver Pacha (1881-1922), le seul militaire à avoir la carrure d'un Napoléon local, s'affirmait plus que jamais comme un dirigeant du comité unioniste, autrement dit un chef de faction, se privant ainsi des atouts de son illustre prédécesseur, qui avait si bien su se mettre au-dessus de la mêlée. Dès lors, comment arrêter la «guerre à outrance» entre les «coteries» ottomanes, dans un contexte où le «peuple» se désintéressait de la vie parlementaire ? Comme bien des Français nostalgiques de Louis XVI, les Ottomans se prenaient à regretter ouvertement Abdülhamid II, le sultan déchu. La descente aux Enfers ottomane semblait en effet inéluctable : comme la Révolution française qui, selon l'historien Albert Van-dal, avait «substitué le chaos figé, un chaos brouillé et sanglant, à l'Ancien Régime» ; celle des Jeunes-Turcs sortait de son «âge du sang» pour patauger dans l'ère de «la boue».
Lütfi Fikri identifiait un à un les politiciens d'Istanbul au prisme des idéaux-types de la Révolution française, de Danton à Saint-Just, de Robespierre au Napoléon avorté qu'était Enver. Mais ce défenseur acharné du constitutionnalisme peinait à reconnaître le personnage français que lui-même incarnait dans cette table de concordance entre 1789 et 1908. Sans doute Sieyès ? Mais tout compte fait, cela n'est pas si certain, concluait-il amèrement, puisque «dans ce pays, les Sieyès ne poussent pas».


Aucun empire du Vieux Monde ne fut à la fois aussi étendu dans le temps et dans l'espace que celui des Ottomans, sinon celui de Rome, dont Mehmet le Conquérant, après la prise de Constantinople, se revendiqua d'ailleurs l'héritier. Dès le XVe siècle, les Ottomans instaurèrent la première ébauche d'administration moderne avec un corps de fonctionnaires permanents et une armée de métier, composée en bonne part d'enfants raflés dans les populations non musulmanes puis convertis et éduqués pour le service de l'Etat. Symbole de l'islam sunnite, dirigé par des sultans-califes, cet Empire fut néanmoins aussi une réalité multiconfessionnelle inscrite dans la continuité de Byzance. Par leur capacité de synthèse et leur adaptabilité, les Ottomans peuvent être considérés comme les Romains du monde musulman. C'est cette construction étatique à nulle autre pareille qu'étudie Hamit Bozarslan avec une approche sensiblement nouvelle, y compris dans son choix d'aller jusqu'«à nos jours». Il veut montrer les continuités entre le monde ottoman, notamment après les réformes du milieu du XIXe siècle puis l'arrivée au pouvoir au début du XXe siècle des «Jeunes Turcs», et la Turquie républicaine fondée par Mustafa Kemal après la Première Guerre mondiale. (Marc Semo - Libération du 14 mars 2013)

L'ouvrage de ce jeune historien, considéré en Europe comme l'un des meilleurs spécialistes, rompt avec les lieux communs d'une Turquie carrefour des intérêts stratégiques des puissances. Sans tabou ni complaisance, il se singularise par son approche sociologique, sa méthode comparatiste et ses références bibliographiques. (Gaïdz Minassian - Le Monde du 4 avril 2013)


Historien et politologue, Hamit Bozarslan enseigne à l'EHESS. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages tels que La question kurde : États et minorités au Moyen-Orient (1997), et Une histoire de la violence au Moyen-Orient (2011).


Hamit Bozarslan, "Histoire de la Turquie: De l'Empire à nos jours"
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