Karyn Poupée, "Les japonais"
Publisher: Tallandier | 2015 | ISBN: 1021009011 | French | EPUB/MOBI | 624 pages | 1.8/1.8 Mb
Publisher: Tallandier | 2015 | ISBN: 1021009011 | French | EPUB/MOBI | 624 pages | 1.8/1.8 Mb
Au Japon, mégapoles surpeuplées, transports saturés, violences des rapports sociaux côtoient créativité, solidarité nationale, perfectionnisme et politesse. Terre de contrastes, l’Archipel s’enorgueillit de marier technologies de pointe et coutumes ancestrales. Témoin alerte et passionnée, Karyn Poupée scrute la vie quotidienne des Nippons et décrypte les ressorts historiques et socioculturels du fonctionnement troublant de cette société unique. Elle peint ainsi un tableau nuancé du pays du Soleil-Levant et de ses habitants. Sorti exsangue de la Seconde Guerre mondiale, le pays est devenu en l’espace de quelques décennies la deuxième puissance économique planétaire. Aujourd’hui, après sa rétrogradation derrière la Chine et l’accident de Fukushima, le Japon se trouve confronté à de nouveaux défis.
Nouvelle édition revue et augmentée.
15 août 1945. Plus de trois millions de morts nippons, dont 700 000 victimes des bombardements. Sept millions de civils et militaires expatriés. Le Japon capitule. Le Japon a perdu. Le Japon est défait, humilié, ruiné, pulvérisé. Hiroshima et Nagasaki atomisées. Tokyo pleure, piteuse capitale impériale meurtrie, au quart réduite en cendres sous les centaines de tonnes de bombes larguées en deux heures vingt-deux minutes, en pleine nuit, par plus de trois cents B-29 américains. La population survivante végète dans des baraques de bric et de broc. Des pauvres gosses en guenilles hantent les trottoirs et dorment sous les ponts, ou ce qu'il en reste : pas grand-chose. Les entreprises nippones sont en faillite. 13 millions de désoeuvrés dans tout le pays pour une population de 72 millions d'âmes. La nourriture et le minimum vital manquent, cruellement, pour combien de temps ?
10 juin 1969. Le Japon est officiellement reconnu comme étant devenu, l'année précédente, la deuxième économie du monde. Il l'est resté jusqu'en 2010, année durant laquelle il fut mécaniquement dépassé par la Chine dont la population est dix fois plus importante. En 1969, le chômage culminait à moins de 2 % de la population active : plein emploi. Il n'aura pas fallu un quart de siècle au vaincu pour se relever, pour se surpasser. Un miracle ? Non. Les kami sama - entités divines - n'y sont concrètement pour rien.
La source de ce spectaculaire rebond se trouve au contraire dans l'extraordinaire abnégation, l'incroyable vitalité, le pragmatisme et la solidarité dont ont fait preuve les citoyens, dans la motivation des travailleurs pour produire et innover, dans l'audace et la témérité des entrepreneurs, dans la vision de quelques dirigeants pour impulser l'industrie et imposer des mesures parfois impopulaires mais finalement efficaces. Certes ce redressement frappant a pris appui dans un premier temps sur des réformes structurelles initiées par l'occupant américain, touchant l'État, les entreprises, les banques, l'éducation ou le secteur agricole. Mais sans cette volonté collective nationale de s'en sortir, sans une claire conscience d'un rôle individuel à tenir et sans un élan de fraternité, aucune mesure, de quelque puissance qu'elle fut venue, n'aurait à elle seule pu conduire à ce résultat proprement inimaginable. Les contre-exemples sont nombreux.
Les Japonais sont fiers de leur exploit, on le serait à moins. Ceux qui ont vécu la phase la plus remarquable des soixante dernières années, celle de la haute croissance, de 1955 au premier choc pétrolier de 1973, en gardent un souvenir indélébile. Ils évoquent volontiers ce passé vertueux sans précédent avec une lueur de nostalgie, sachant qu'un tel bond en avant est désormais impossible à réitérer, tout en souhaitant qu'il demeure une référence pour éviter tout défaitisme face à des situations de crise, comme celle qui a marqué les années 1990. Ils se remémorent la larme à l'oeil les prouesses d'une époque bénie pour affronter les enjeux et défis qui se profilent aujourd'hui.
10 juin 1969. Le Japon est officiellement reconnu comme étant devenu, l'année précédente, la deuxième économie du monde. Il l'est resté jusqu'en 2010, année durant laquelle il fut mécaniquement dépassé par la Chine dont la population est dix fois plus importante. En 1969, le chômage culminait à moins de 2 % de la population active : plein emploi. Il n'aura pas fallu un quart de siècle au vaincu pour se relever, pour se surpasser. Un miracle ? Non. Les kami sama - entités divines - n'y sont concrètement pour rien.
La source de ce spectaculaire rebond se trouve au contraire dans l'extraordinaire abnégation, l'incroyable vitalité, le pragmatisme et la solidarité dont ont fait preuve les citoyens, dans la motivation des travailleurs pour produire et innover, dans l'audace et la témérité des entrepreneurs, dans la vision de quelques dirigeants pour impulser l'industrie et imposer des mesures parfois impopulaires mais finalement efficaces. Certes ce redressement frappant a pris appui dans un premier temps sur des réformes structurelles initiées par l'occupant américain, touchant l'État, les entreprises, les banques, l'éducation ou le secteur agricole. Mais sans cette volonté collective nationale de s'en sortir, sans une claire conscience d'un rôle individuel à tenir et sans un élan de fraternité, aucune mesure, de quelque puissance qu'elle fut venue, n'aurait à elle seule pu conduire à ce résultat proprement inimaginable. Les contre-exemples sont nombreux.
Les Japonais sont fiers de leur exploit, on le serait à moins. Ceux qui ont vécu la phase la plus remarquable des soixante dernières années, celle de la haute croissance, de 1955 au premier choc pétrolier de 1973, en gardent un souvenir indélébile. Ils évoquent volontiers ce passé vertueux sans précédent avec une lueur de nostalgie, sachant qu'un tel bond en avant est désormais impossible à réitérer, tout en souhaitant qu'il demeure une référence pour éviter tout défaitisme face à des situations de crise, comme celle qui a marqué les années 1990. Ils se remémorent la larme à l'oeil les prouesses d'une époque bénie pour affronter les enjeux et défis qui se profilent aujourd'hui.