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José Cabanis, "Le Sacre de Napoléon"

Posted By: TimMa
José Cabanis, "Le Sacre de Napoléon"

José Cabanis, "Le Sacre de Napoléon"
Gallimard | 2015 | ISBN: 2070268659 | French | EPUB | 288 pages | 0.7 MB

Ce livre restitue avec un incomparable éclat le sacre de l'Empereur, son somptueux décor, son rituel solennel, ses grandeurs et ses ridicules, ses acteurs célèbres ou anonymes. José Cabanis dépeint d'une plume acérée, souvent malicieuse, une société où défilent généraux, affairistes, révolutionnaires repentis et émigrés oublieux de l'ancien monde. Cette étude morale d'une époque reste une introduction incontournable à l'intelligence de l'aventure napoléonienne.
Le sacre fut "une grande illusion et un échec". Illusion de pouvoir ressusciter, dix ans après le régicide, une monarchie sans roi, la parer d'une caution divine, assurer sa pérennité en lui fabriquant une continuité dynastique. Échec aussi devant le scepticisme de l'opinion, des élites politiques et jusqu'à l'Empereur lui-même, convaincu que son règne finirait avec lui : le décor démonté, le pape rentré à Rome, ce fut comme si rien ne s'était passé.

Une journée qui a fait la France? Oui et non, répond Patrice Gueniffey dans sa postface. Non, si on l'isole des deux épisodes dont elle est l'aboutissement : l'exécution du duc d'Enghien (20 mars), vécue comme un second régicide, et la proclamation de l'Empire (18 mai) qui installe Bonaparte sur le trône vacant des Bourbons. Mais inscrite dans cet enchaînement événementiel, elle lui confère toute sa portée symbolique.

Grand événement et non-événement à la fois, le sacre ne cessera de hanter l'imagination longtemps après que le Premier Empire aura disparu.

Quatrième de couverture
Napoléon [… ] sema partout où il passait cette idée qu'un peuple a le droit de n'obéir qu'à des règles convenues d'un commun accord, et de n'être plus soumis à l'arbitraire d'un chef de droit divin. Grâce à lui, le vieux monde croula.
Il est d'autant plus singulier qu'il ait voulu ressembler aux monarques couronnés, oints du Seigneur, dont il allait balayer les trônes, et qu'il ait pu s'imaginer que seul le sien, si neuf, serait solide. Le Sacre de Napoléon, s'il marque une époque, fut une grande illusion et un échec. Quand l'Empereur s'attarda en Russie et qu'un général en rupture de prison répandit le bruit qu'il était mort, l'idée ne vint à personne que son pouvoir était héréditaire, et les droits de sa dynastie consacrés par Dieu même. En 1814, lorsqu'il abdiqua, ses serviteurs les plus fidèles se rallièrent presque tous, et sans scrupules, aux Bourbons. La cérémonie de Notre-Dame n'avait donc trompé personne et l'Empereur qui avait tant pourchassé l'utopie s'était révélé, ce jour-là, un de ces songe-creux qu'il ne pouvait souffrir. C'est qu'on ne crée pas de toutes pièces une tradition, on ne fabrique pas à volonté le respect. "Une génération nouvelle, rappellera plus tard Lavallette, s'était élevée, pleine d'énergie, nourrie de fortes études, exempte de momeries de la superstition… L'Empereur n'avait jamais été un monarque, ou du moins les peuples n'avaient jamais senti pour lui cette espèce de superstition qui avait environné Louis XIV et Louis XV." Chateaubriand, qui était un tout autre homme que Lavallette, a écrit à ce sujet, plus justement : "Hors de la religion, de la justice et de la liberté, il n'y a point de droits."»