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Emmanuel Todd, "L'illusion économique : Essai sur la stagnation des sociétés développées"

Posted By: TimMa
Emmanuel Todd, "L'illusion économique : Essai sur la stagnation des sociétés développées"

Emmanuel Todd, "L'illusion économique : Essai sur la stagnation des sociétés développées"
Gallimard | 1999 | ISBN: 2070410587 | French | PDF | 392 pages | 39.8 MB

La chute des taux de croissance, la montée des inégalités et de la pauvreté, l'incohérence des évolutions monétaires sont des phénomènes bien réels, et de nature économique. Ils ne font cependant que refléter des déterminants culturels et anthropologiques beaucoup plus profonds. Le déclin éducatif américain, le choc malthusien produit en Europe par l'arrivée des classes creuses à l'âge adulte, l'émergence d'une stratification culturelle inégalitaire, l'affaissement des croyances collectives - parmi lesquelles la nation - définissent ensemble bien plus qu'une crise économique : une crise de civilisation.Mais l'idée d'une contrainte économique agissant «de l'extérieur» sur les États-Unis, le Japon, l'Allemagne ou la France, baptisée mondialisation, n'est qu'une illusion. Le sentiment d'impuissance qui paralyse les gouvernements ne sera surmonté que si renaît l'idée de nation.

Nouvelle édition augmentée d'une préface de l'auteur en 1999.

Revue de presse :
Dans cet ouvrage, Emmanuel Todd analyse la grave crise économique traversée par les sociétés développées depuis plusieurs années, et dont les manifestations se retrouvent tant en termes de baisse de la croissance qu'en termes de montée des inégalités. Ceci étant, plus qu'une crise économique directement liée à la mondialisation, il y voit une véritable crise de civilisation dont l'origine première est culturelle et anthropologique, et qui vaut pour les deux modèles types de sociétés qu'il distingue, à savoir le modèle individualiste anglo-saxon et le modèle "souche" germano-nippon (qui intègre fortement l'individu au groupe).
Dans le premier cas, on assiste à un net déclin culturel (éducatif) et au retour subconscient d'une idéologie inégalitaire, et, dans le second cas, à un vieillissement démographique accéléré qui met en péril les succès contemporains. La France, modèle intermédiaire de par sa composition sociale duale, n'est pas en meilleure posture, bien au contraire, puisqu'elle opte pour des solutions qui ne lui conviennent jamais totalement.

Dans tous les cas, les croyances collectives tendent à s'effriter sous les coups portés aux sentiments nationaux par des élites culturelles, adeptes de la "pensée zéro", qui affichent leur impuissance face à un phénomène économique jugé inéluctable et extérieur (la mondialisation).
Pourtant, dans l'imaginaire collectif, le groupe de référence reste la nation, rendant les politiques en faveur du libre-échange absolu, et celles d'unification monétaire européenne sans support national commun, inacceptables aux yeux des citoyens, qui manifestent leur refus par le choix de l'alternance en période électorale.

À la double utopie, économique et monétaire, d'une mondialisation dont les contre-performances sont patentes, et à la démission des classes dirigeantes, Emmanuel Todd oppose un retour à une forme de protectionnisme national dans les relations commerciales extérieures, qui permettrait le renforcement du libéralisme à l'intérieur, la relance de la demande globale, et par là même un véritable retour à l'idéal démocratique égalitaire, actuellement largement bafoué par les élites dirigeantes. – Stéphanie Debruyne – Futuribles

Tonique refus mondialiste
Les économistes ne lisent pas assez les démographes et les anthropologues. Le degré d'adhésion des classes dirigeantes d'une nation au libre-échangisme est inversement proportionnel à l'évolution de leur niveau culturel : plus celui-ci baisse, plus les thèses mondialistes prospèrent. Non seulement l'ouverture des frontières commerciales s'est plutôt traduite par un tassement de la croissance mondiale, mais elle a en plus favorisé un retour spectaculaire des inégalités au sein des nations développées. La construction européenne façon Maastricht exprime un saut irréaliste dans l'idéologie, fruit combiné d'une utopie monétaire qui nie l'existence des diversités nationales et d'une utopie libre-échangiste, masque emprunté par une élite malthusienne pour défendre son idéal inégalitaire.

Voilà, schématiquement résumée, la pensée tonique et tonitruante d'Emmanuel Todd, aussi féroce pour Jacques Delors que pour Jacques Chirac, aussi remonté contre Paul Krugman, l'économiste à la mode outre-Atlantique, qu'irrespectueux pour The Economist, trop anglais pour avoir le droit de tirer le premier sur les Français. Même si l'on ne partage pas sa conviction que rien ne s'explique en économie sans le recours à l'analyse des structures familiales, on appréciera la lecture de ce pamphlet. Quant à le critiquer sur le fond, on s'en gardera bien, de peur de passer pour un de ces pseudo-intellectuels français dont l'emprise idéologique sur la société vaudrait celle des dirigeants brejnéviens sur l'ex-URSS. –Henri Gibier– L'Expansion