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Michel Folco, "La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler"

Posted By: TimMa
Michel Folco,  "La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler"

Michel Folco, "La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler"
Publisher: Stock | 2010 | ISBN: 2234064724 | French | EPUB | 352 pages | 1.08 Mb

« Qu ils s appellent Hitler, Capone ou Dillinger, petits ils écoutaient leur mère…
Ils ont fait leur chemin dans les affaires. »
Eddy Mitchell, L'important c'est de bien aimer sa maman.


Michel Folco, que l on connaît pour ses romans hauts en couleurs, en inventions, et en trouvailles narratives, rencontre cette fois un personnage bien réel, trop réel. Et quel personnage ! Celui par qui tant d injustices et de malheurs vont naître, Adolf Hitler.
Mais Michel Folco n est pas un biographe, même si ses ouvrages sont minutieusement documentés. Avec toute sa fantaisie, son humour décapant, il s applique à nous conter comment le plus banal des enfants peut receler le plus effrayant des monstres. Le roman, ici, dépasse tous les livres d histoire.
L auteur n avait pas craint de mettre en scène Napoléon ou Freud. Il a choisi de monter la barre d un cran. Mais c est la face mystérieuse et partiellement inconnue d Hitler qu il aborde : son enfance et sa jeunesse, dont nous savons peu de choses. La force de l ouvrage tient à la banalité du personnage. Bien sûr, ses origines furent incertaines. Bien sûr, son talent était médiocre. Bien sûr, sa mère mourut trop jeune. Bien sûr, ses passions n avaient rien de flamboyant ni d exceptionnel. Mais, au fur et à mesure qu on avance dans ce livre étrange grandit un personnage dont la détermination, peu à peu, nous perturbe. Car on ne peut décrypter l enfance d Hitler sans imaginer son avenir, sa puissance destructrice, la fascination qu il exercera sur une grande part de son peuple, lui qui est si peu fascinant. Et c est tout le talent de Michel Folco que de se glisser dans cet interstice : pourquoi le plus ordinaire des hommes en lui recèle-t-il Hitler ?
«Du côté paternel comme maternel, ses ascendants venaient d'une très pauvre région marginale de l'Autriche-Hongrie, un pays couvert de sombres forêts situées entre le Danube et la frontière de Bohême. Le Waldviertel était habité par une population essentiellement paysanne où les mariages entre sujets du même sang avaient engendré de multiples liens de parenté, une mentalité étroite et arriérée.»

Joachim Fest, Hitler, tome I

Vendredi 20 mai 1871.
Spital am Wald.
Province du Waldviertel. Cisleithanie.

Le premier événement appelé à bouleverser de fond en comble l'existence de Klara Pölzl (onze ans) se produisit en début de matinée ; le second en fin de soirée.
La fillette sortait ses vaches et passait devant la ferme des Hiedler (numéro 36) lorsqu'elle vit son grand-père maternel Nepomuk, vêtu de ses beaux habits, en train de cogner sur Rolfie avec un manche de pelle.
- Pourquoi tu le bats, grand-père ? Il est gentil Rolfie.
- Il peut plus chasser mais il mange quand même.
Prenant soin de ne pas se salir, Nepomuk souleva le vieux chien inanimé et le jeta à l'arrière du char à boeufs. Klara renifla ses larmes.
- Tu l'emmènes où ?
- Je vais le jeter dans la mare. Les poissons vont le manger, comme ça il servira à quelque chose.
- C'est pour ça que t'es habillé en dimanche ?
- Mais non, nigaude, c'est mon neveu que je vais chercher à Weitra… et arrête de pleurnicher ! Occupe-toi plutôt de tes vaches. Regarde, elles sont presque chez les Rörbachter.
Le char à boeufs du vieux paysan s'ébranla. Klara remit les deux vaches sur le droit chemin en leur distribuant des claques sonores sur la croupe.


Des origines du patronyme Hitler à la Première Guerre mondiale, Michel Folco raconte, à la manière d'un feuilleton (chaque chapitre est précédé d'une longue citation, faisant presque office de résumé), la gestation d'un Mal annoncé. Analyser un tel destin ne va pas sans dangers littéraires et, par instants, Folco ne sait pas où se placer en tant que romancier (d'où certaines scènes tendancieuses, par maladresse). Mais, à la manière du Michael Haneke du Ruban blanc, il a su poser les bonnes questions. Et c'est déjà beaucoup. (Baptiste Liger - Lire, juin 2010)


Michel Folco,  "La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler"