Antonio R. Damasio, "Spinoza avait raison : Joie et tristesse, le cerveau des émotions"
Odile Jacob | 2003 | ISBN: 2738112641 | French | PDF | 346 pages | 18.5 MB
Odile Jacob | 2003 | ISBN: 2738112641 | French | PDF | 346 pages | 18.5 MB
Qu'est-ce qu'une émotion, un sentiment ? La joie et la tristesse, en particulier, sont les clés de notre survie et de notre bien-être. Non seulement les processus qui les expliquent préservent la vie en nous, mais ce sont elles qui nous motivent et nous aident à produire nos créations les plus admirables - fart, bien sûr, mais aussi les comportements éthiques, le droit, l'organisation de la société. Descartes a instauré la grande coupure entre le corps et l'esprit ; Spinoza, à la même époque, les a réunis et, surtout, a su voir dans les émotions le fondement même de la survie et de la culture humaines. D'où ce voyage accompli par un scientifique pionnier afin de redécouvrir le génie visionnaire de l'Ethique. Car c'est Spinoza qui préfigure le mieux ce que doit être pour Antonio R Damasio la neurobiologie moderne de l'émotion, du sentiment et du comportement social. C'est lui qui fournit ainsi les concepts et les perspectives nécessaires au progrès de notre connaissance de nous-mêmes.
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À mesure que la neurologie progresse et que se développe la psychologie cognitive, les scientifiques de ces disciplines éprouvent un besoin grandissant dentrer en dialogue avec les philosophes. Cest le cas du neurobiologiste Jean-Pierre Changeux qui débat avec Paul Ricur dans Ce qui nous fait penser : la nature et la règle ou encore de Jean-Didier Vincent et Luc Ferry qui échangent autour de la question : Quest-ce que lhomme ?. Antonio R. Damasio, neurologue américain, préfère pour sa part prendre comme interlocuteurs de grandes figures de lâge classique : après LErreur de Descartes, voici Spinoza avait raison !
Comme lindiquent sans nuance les titres de ces ouvrages, le scientifique prétend intervenir sur le terrain philosophique en arbitre et en juge. Justice expéditive, sans doute, sil est vrai quon ne doit pas sattendre à rencontrer, au fil des pages de cet essai spinoziste, une connaissance précise et de première main de la doctrine du philosophe hollandais. Alors, faut-il refermer le livre et sen remettre soit à Spinoza lui-même (Éthique), soit à un bon manuel de physiologie nerveuse ? Sil faut lire Spinoza avait raison, si lon veut y trouver plaisir et intérêt, ce nest pas pour en apprendre sur la façon dont lauteur administre le credo neurobiologiste selon lequel le cerveau produit les émotions et les pensées ; cest plutôt pour se laisser séduire par les rêveries dun scientifique du XXIe siècle autour dun homme du XVIIe qui le fascine à plus dun titre. Sur les traces dun humble polisseur de lentilles dont la profondeur de pensée na dégale que la force de sa vertu, lauteur nous entraîne dans les ruelles de La Haye et dAmsterdam pour nous y faire partager quelque chose que la neurologie na pas encore complètement élucidé : lamour de Spinoza. –Emilio Balturi –