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Christian Carisey, "La Maladie du roi"

Posted By: TimMa
Christian Carisey, "La Maladie du roi"

Christian Carisey, "La Maladie du roi"
Publisher: Le cherche midi | 2013 | ISBN: 2749132274 | French | EPUB/MOBI/PDF | 2013 pages | 0.9/1.0/0.9 Mb

Versailles, 1686. Le règne du Roi Soleil vacille. Louis XIV doit mener bataille contre les puissances européennes. Il doit aussi lutter contre une fistule qui vient s'ajouter aux nombreuses maladies qui attaquent ce corps abîmé. Alors que l'ambassadeur du Siam attend d'être reçu, le jeune chirurgien Félix de Tassy est chargé d'opérer le roi. De son intervention dépend la survie du pouvoir. Pendant ce temps, les espions rôdent à Versailles tandis que les jésuites rêvent de convertir les populations d'Extrême-Orient. À partir de faits réels, Christian Carisey a composé un roman sur la fragilité du pouvoir. On y croise les grands noms de la Cour tels Louvois, Madame de Maintenon, le père La Chaise ou la Palatine, et l'on découvre enfin qui se cache derrière le Masque de fer…
Le sous-bois n'est pas assez touffu pour gêner la course des chiens. La broussaille, ils en font leur affaire. Les taillis aussi. La meute est lancée depuis plus d'une heure. Elle poursuit un jeune cerf à travers la forêt. C'est un cerf de quatre à cinq ans au dire du grand veneur. Une allure fière et tranquille jusqu'au moment où la traque a commencé. Dans cette course, les chasseurs sont à l'arrière. Les chevaux sont fatigués. Ils ont été distancés par les chiens.
Louis XIV transpire sous ses vêtements. Il ne fait pourtant pas très chaud en cet après-midi de mars. Une dizaine de cavaliers participent à la chasse sans compter l'équipage dont les membres portent un costume rouge et or. Parmi les cavaliers se trouve la Palatine, belle-soeur du roi, qui monte son cheval comme un homme. Elle aime sentir le vent fouetter son visage et cravache sa monture pour rester à hauteur de Louis XIV. Les aboiements des chiens guident les chasseurs. Les cors résonnent dans la forêt. Le sol tremble sous les sabots des chevaux. Il y a longtemps qu'une chasse à courre n'a pas donné lieu à une telle cavalcade.
Dans sa course folle, le cerf a débouché sur une clairière qui mène droit à un précipice. C'est un ravin profond où les ronces se mêlent aux éboulis de pierres. Une nature hostile qui effraie l'animal. Il sait qu'il ne pourra pas aller plus loin. Il s'arrête. Son corps tremble de fatigue et de peur. C'est un cerf magnifique qui lève la tête à la recherche d'un peu d'air. Il n'en peut plus de courir. Ses narines dilatées expirent un mauvais souffle. Il n'a pas beaucoup de temps devant lui car il est en danger. Il lui faudrait repartir et tenter de se mettre à couvert. Son flanc droit saigne abondamment. Une vilaine coupure attrapée dans les fourrés. A nouveau, il va s'élancer, mais déjà les chiens sont autour de lui. Leurs aboiements résonnent dans la clairière. Il voit les babines retroussées. La bave qui coule. Les yeux révulsés. La ronde des chiens est une danse infernale. Un sinistre ballet.
Le cerf va mourir. Il en a conscience. Les animaux sentent la mort au moment où elle se présente. Ils la flairent comme ils flairent les saisons ou l'arrivée de l'orage.
La forêt s'étend devant le cerf, mais elle est devenue inaccessible. Les cavaliers ont rejoint les chiens. Les trompes de chasse déchirent les tympans. Un homme s'approche tenant dans sa main un long poignard effilé. Il a le visage pâle. Les joues molles. Un nez un peu trop fort. Jamais le cerf n'a vu un homme d'aussi près. Il a toujours vécu dans la forêt, loin des habitations et des champs de culture.
L'homme qui avance a une belle livrée qui brille sous le soleil. C'est le grand veneur du roi et il attend l'ordre d'agir. Louis XIV n'est pas pressé. C'est le moment qu'il préfère. Il a bien cru que le cerf allait lui échapper, mais maintenant il le tient et il peut sans risque admirer sa proie. Il aime son corps robuste aux poils trempés de sueur. Une belle robe de couleur brune. De longues jambes fines et musclées. Il n'y a que son regard que le roi n'aime pas. Un regard de défi malgré la fatigue qui étreint l'animal. Louis XIV n'est pas habitué à ce qu'on puisse le braver. Dans l'oeil des courtisans, il ne voit que crainte et soumission. Aucune trace de résistance.
Le grand veneur s'est approché de l'animal et il sent l'odeur aigre qui flotte autour de lui. C'est une odeur d'urine et de peur. Il assure son couteau dans la main et plonge la lame en direction du coeur. L'animal tombe d'un coup, foudroyé de douleur. Le roi apprécie et les courtisans applaudissent. Puis Louis XIV demande qu'on serve à boire et à manger. Toute la troupe a mérité de se restaurer. Il faut que les chevaux se reposent et que le grand veneur surveille la préparation du cerf. Les chiens attendent les abats. Ils les ont bien mérités. Dans un instant, ils vont se jeter dessus et les dévorer à pleines dents.


En 1686, Louis XIV est au sommet de sa gloire. Il est le plus grand souverain d'Europe et règne sans partage sur la cour de Versailles. Cette année là, il va pourtant être atteint d'une fistule qui va peu à peu l'affaiblir au point d'affecter la gouvernance du royaume. Le corps du roi se détraque et la monarchie vacille sous le regard des courtisans et des espions envoyés par les cours étrangères.
Louvois tente de maîtriser la situation tandis que le médecin du roi avoue son impuissance et que les troubles agitent le pays. Des protestants se révoltent contre la révocation de l'Édit de Nantes et certains Grands du royaume imaginent prendre leur revanche.
Dans ce contexte, l'hypothèse d'une opération devient chaque jour plus probable. Elle a de fortes chances d'être fatale et la mort de Louis XIV ouvrirait alors une période de très grande confusion.
Pour contenir les esprits, Louvois fait revenir à la bastille "l'homme au masque de fer tandis que l'ambassadeur du Siam attend à Versailles d'être reçu.
C'est cette histoire que j'ai voulu raconter dans "la Maladie du Roi". Un moment où tout a failli basculer dans ce long règne de pouvoir absolu.
Tout à coup, derrière la façade de l'apparat, un homme, monarque épuisé, se
bat contre la mort qui rôde.

Christian Carisey


Christian Carisey, "La Maladie du roi"