Raymond Gay-Crosier, Agnès Spiquel-Courdille et collectif, "Albert Camus"
L’Herne | 2013 | ISBN: 2851971727 | French | EPUB | 376 pages | 1.5 MB
L’Herne | 2013 | ISBN: 2851971727 | French | EPUB | 376 pages | 1.5 MB
Ce Cahier offre au lecteur un parcours très éclectique autour de Camus, et vise à proposer des éclairages originaux sur la vie de Camus, sur ses oeuvres - roman et théâtre -, sur sa pensée et sur ses engagements.
Le centenaire d’Albert Camus (1913-1960) donne lieu à un déluge de publications. Le Cahier de L’Herne Camus, lui, n’est pas un ouvrage de circonstance et a voulu éviter les pièges de la récupération : dans la longue tradition des Cahiers de L’Herne, il vise à présenter au public les facettes multiples de la personnalité de Camus, de son talent en tant que metteur en scène, dramaturge, romancier, de son courage en tant que penseur. La résonance exceptionnelle de Camus devait trouver son écho dans la pluralité des voix qui parlent dans ce Cahier. Nous avons donc eu recours aux meilleures sources, partant de ses propres textes et inédits, écoutant les témoignages émouvants de ses amis et connaissances avant de donner la parole à une pléiade de critiques avertis qui présentent les aspects saillants de cet écrivain que chaque génération de lecteurs se hâte de faire sien.
Aucune recherche d’exhaustivité dans notre démarche : d’amples synthèses voisinent avec des "petits faits" ; des témoignages directs avec des études très "pointues" ; des textes de Camus avec des textes sur Camus. Nous avons voulu varier le plus possible les points de vue, pour que chaque lecteur circule dans le Cahier en gardant sa liberté d’interprétation. Nous voulons le rendre proche, frayer des voies vers l’homme, vers l’artiste, vers le penseur engagé, vers le journaliste – de manière que le lecteur du Cahier ait envie de lire ou relire telle ou telle des oeuvres de Camus. Nous avons pensé notre tâche comme celle de passeurs. Outre la vingtaine de contributions serrées que des universitaires nous ont données, nous avons rassemblé quantité de documents, contemporains de l’écrivain ou plus récents. Nous avons choisi d’ouvrir chacune des sections par des textes – souvent peu connus – de Camus lui-même ; nous avons pu puiser dans le trésor de témoignages très vivants d’amis de Camus aujourd’hui disparus, et aussi dans le trésor de correspondances non publiées ; nous avons multiplié les textes de critiques ou penseurs avertis qui ont parlé de lui, souvent avec ferveur. Enfin, l’iconographie que nous proposons offre un panorama incisif de l’homme dans son temps, de documents représentatifs et de reproductions de pages manuscrites qui révèlent les difficultés de l’écriture et de la réécriture. »
Que serait la vie amoureuse des grandes âmes sans les cafés ? Un jour, Albert Camus entre dans l'un de ces établissements où sont assis Olivier Todd, son futur biographe posthume, et sa jeune femme. Todd : «Camus arrive au comptoir et regarde ma femme en la déshabillant des yeux. Je dis tout haut : "Mais il se prend pour qui, ce con ?", espérant qu'il m'entende. Mon ami me dit : "Il se prend pour Albert Camus."»…
D'autres joyaux ornent ces Cahiers qui balaient le champ camusien : extraits des correspondances avec son instituteur, Louis Germain, et avec Jacques Heurgon, professeur de latin à l'Université d'Alger et coresponsable des Décades de Pontigny. En octobre 1937, Camus rejoint son poste d'enseignant à Sidi Bel-Abbès, mais qu'il va aussitôt quitter. A Heurgon, il écrit : «Je ne sais comment vous dire. Lorsque le soir, dans ma chambre d'hôtel, je me suis vu là, avec 9 mois à passer, devant une certaine forme de vie qui est celle que je hais le plus, je me suis senti sans forces. Je suis encore resté le dimanche matin. Je savais bien que ce poste représentait pour moi une chance exceptionnelle - que j'avais des besoins très urgents et que de toute façon c'était à peu près ce que j'avais choisi […]. Mais là, je n'ai pas pu. Dix minutes avant le départ du train d'Alger, j'ai fait ma valise et me suis littéralement enfui.» (Philippe Lançon - Libération du 19 septembre 2013)
A travers sa correspondance, ses romans, carnets et pièces de théâtre, c'est la figure même de l'intellectuel engagé qui apparaît dans ce Cahier de L'Herne. Une somme impressionnante…
En suivant la chronologie de ses écrits, on ne peut que constater à quel point les thèmes qu'il aborde demeurent d'actualité : ses articles de 1939 sur la misère en Kabylie et sur le rôle de la presse, ses réflexions sur l'écriture, et toujours son regard inquiet, celui qu'il convient de porter sur tel ou tel événement. Ce Cahier propose aussi de jolis moments. (Gilles Heuré - Télérama du 23 octobre 2013)
D'autres joyaux ornent ces Cahiers qui balaient le champ camusien : extraits des correspondances avec son instituteur, Louis Germain, et avec Jacques Heurgon, professeur de latin à l'Université d'Alger et coresponsable des Décades de Pontigny. En octobre 1937, Camus rejoint son poste d'enseignant à Sidi Bel-Abbès, mais qu'il va aussitôt quitter. A Heurgon, il écrit : «Je ne sais comment vous dire. Lorsque le soir, dans ma chambre d'hôtel, je me suis vu là, avec 9 mois à passer, devant une certaine forme de vie qui est celle que je hais le plus, je me suis senti sans forces. Je suis encore resté le dimanche matin. Je savais bien que ce poste représentait pour moi une chance exceptionnelle - que j'avais des besoins très urgents et que de toute façon c'était à peu près ce que j'avais choisi […]. Mais là, je n'ai pas pu. Dix minutes avant le départ du train d'Alger, j'ai fait ma valise et me suis littéralement enfui.» (Philippe Lançon - Libération du 19 septembre 2013)
A travers sa correspondance, ses romans, carnets et pièces de théâtre, c'est la figure même de l'intellectuel engagé qui apparaît dans ce Cahier de L'Herne. Une somme impressionnante…
En suivant la chronologie de ses écrits, on ne peut que constater à quel point les thèmes qu'il aborde demeurent d'actualité : ses articles de 1939 sur la misère en Kabylie et sur le rôle de la presse, ses réflexions sur l'écriture, et toujours son regard inquiet, celui qu'il convient de porter sur tel ou tel événement. Ce Cahier propose aussi de jolis moments. (Gilles Heuré - Télérama du 23 octobre 2013)
Les éditions de L'Herne publient un cahier passionnant consacré à Camus, pour honorer le centenaire de sa naissance. L'œuvre de Camus, avec la pluralité de ses genres et la diversité des sujets qu'elle aborde, traverse les générations et n'en finit pas d'être étudiée. La célébration du centenaire de sa naissance a encore stimulé cette insatiable curiosité. Parmi ces récentes publications, les éditions de l'Herne consacrent un cahier à ce romancier, qui était aussi philosophe, journaliste, dramaturge, homme engagé et ami fidèle. Le cahier propose une lecture plurielle plutôt qu'une vision synthétique de son œuvre. Il donne à entendre la voix de Camus à travers la parole de ses compagnons de route, ses contemporains, le point de vue de critiques avertis et aussi la sienne propre, extraite de ses carnets ou de ses correspondances. "Camus n'offre jamais un gage de certitudes, mais le défi d'incertitudes à conquérir", souligne Raymond Gay-Crozier dans son introduction.
Cahier de bord d'une vie
Tous les documents, textes, témoignages, extraits, judicieusement juxtaposés, construisent une image d'un Camus complexe et paradoxal, d'une conscience toujours en éveil et d'un homme profondément passionné par l'humanité. Les extraits de ses carnets, par exemple, véritables laboratoires de l'écrivain, dévoilent ses incertitudes, ses questionnements, l'intimité de son être, qui ont fondé sa vie et sa pensée : "Une certaine somme d'années vécues misérablement suffisent à construire une sensibilité", dit-il, en 1935. "Toute ma vie, dès qu'un être s'attachait à moi, j'ai tout fait pour qu'il recule. Il y a bien sûr l'incapacité où je suis de prendre des engagements, mon goût des êtres, de la multiplicité, mon pessimisme quant à moi. Mais peut-être n'étais-je pas aussi frivole que je le dis", confie-t-il. Camus, considéré comme un humaniste confie pourtant dans ses carnets en 1946 "Je n'ai rien contre l'humanisme, bien sûr. Je le trouve court, voilà tout.", se disant plus proche de la pensée grecque, "qui faisait sa part de tout".
Ceux qui l'ont bien connu racontent
L'écrivain algérien Mohamed Did décrit un Camus "de l'extérieur", celui qu'on croisait dans la rue ou aux terrasses des cafés, "méditerranéen expansif", "la plaisanterie facile" et l'autre Camus, celui des tête à tête, avant tout philosophe "toujours curieux de ce que vous pensiez".Il se souvient aussi d'un homme dansant silencieusement bras écartés sur les vestiges d'une construction romaine. "C'est une des plus belles images que je garde de Camus" dit Mohamed Dib, frappé par l'œuvre à la fois sensuelle et tragique du romancier. Un homme qui cache derrière son sourire ironique un "état permanent d'amertume révoltée", souligne son ami Roger Martin du Gard, avec qui Camus entretient une correspondance assidue pendant près de 15 ans, et que publient les éditions Gallimard.
Joyaux inédits : les lettres à son instituteur
La plupart et textes des documents rassemblés ici sont déjà connus, quelques inédits cependant, jalonnent ce cahier, et notamment une interview de Mette Ivers, "Mi", son dernier grand amour, longtemps restée dans l'anonymat, ou des extraits de la correspondance de Camus avec son maître d'école, Louis Germain. Les lettres de l'ancien élève devenu grand écrivain commencent par "Cher Monsieur Germain", et le maître répond toujours par "Mon cher Petit". Touchantes lettres qui témoignent d'un respect mutuel et d'une reconnaissance sans faille de Camus pour cet homme qui a tant influencé le cours de sa vie. Quand Camus reçoit le prix Nobel en 1957, il écrit à son instituteur : "J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler de tout mon cœur", dit-il, ajoutant que sa première pensée lorsqu'il a appris la nouvelle, a été pour son maître d'école, juste après sa mère. "Vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers", ajoute-t-il, avant de conclure en redisant à son maître toute sa reconnaissance. Cartes de ses voyages, témoignages, lettres, analyses, extraits de son œuvre… Ce cahier, comme une malle à trésors, est une merveilleuse manière d'aller à la rencontre d'un grand homme. A travers la trajectoire d'une vie, faite de rencontres, à travers le fil d'une histoire inscrite dans son temps, ce recueil donne à comprendre la genèse et le développement d'une pensée, la beauté et la richesse d'une œuvre, celle d'un "infatigable semeur de questions".
Cahier de bord d'une vie
Tous les documents, textes, témoignages, extraits, judicieusement juxtaposés, construisent une image d'un Camus complexe et paradoxal, d'une conscience toujours en éveil et d'un homme profondément passionné par l'humanité. Les extraits de ses carnets, par exemple, véritables laboratoires de l'écrivain, dévoilent ses incertitudes, ses questionnements, l'intimité de son être, qui ont fondé sa vie et sa pensée : "Une certaine somme d'années vécues misérablement suffisent à construire une sensibilité", dit-il, en 1935. "Toute ma vie, dès qu'un être s'attachait à moi, j'ai tout fait pour qu'il recule. Il y a bien sûr l'incapacité où je suis de prendre des engagements, mon goût des êtres, de la multiplicité, mon pessimisme quant à moi. Mais peut-être n'étais-je pas aussi frivole que je le dis", confie-t-il. Camus, considéré comme un humaniste confie pourtant dans ses carnets en 1946 "Je n'ai rien contre l'humanisme, bien sûr. Je le trouve court, voilà tout.", se disant plus proche de la pensée grecque, "qui faisait sa part de tout".
Ceux qui l'ont bien connu racontent
L'écrivain algérien Mohamed Did décrit un Camus "de l'extérieur", celui qu'on croisait dans la rue ou aux terrasses des cafés, "méditerranéen expansif", "la plaisanterie facile" et l'autre Camus, celui des tête à tête, avant tout philosophe "toujours curieux de ce que vous pensiez".Il se souvient aussi d'un homme dansant silencieusement bras écartés sur les vestiges d'une construction romaine. "C'est une des plus belles images que je garde de Camus" dit Mohamed Dib, frappé par l'œuvre à la fois sensuelle et tragique du romancier. Un homme qui cache derrière son sourire ironique un "état permanent d'amertume révoltée", souligne son ami Roger Martin du Gard, avec qui Camus entretient une correspondance assidue pendant près de 15 ans, et que publient les éditions Gallimard.
Joyaux inédits : les lettres à son instituteur
La plupart et textes des documents rassemblés ici sont déjà connus, quelques inédits cependant, jalonnent ce cahier, et notamment une interview de Mette Ivers, "Mi", son dernier grand amour, longtemps restée dans l'anonymat, ou des extraits de la correspondance de Camus avec son maître d'école, Louis Germain. Les lettres de l'ancien élève devenu grand écrivain commencent par "Cher Monsieur Germain", et le maître répond toujours par "Mon cher Petit". Touchantes lettres qui témoignent d'un respect mutuel et d'une reconnaissance sans faille de Camus pour cet homme qui a tant influencé le cours de sa vie. Quand Camus reçoit le prix Nobel en 1957, il écrit à son instituteur : "J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler de tout mon cœur", dit-il, ajoutant que sa première pensée lorsqu'il a appris la nouvelle, a été pour son maître d'école, juste après sa mère. "Vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers", ajoute-t-il, avant de conclure en redisant à son maître toute sa reconnaissance. Cartes de ses voyages, témoignages, lettres, analyses, extraits de son œuvre… Ce cahier, comme une malle à trésors, est une merveilleuse manière d'aller à la rencontre d'un grand homme. A travers la trajectoire d'une vie, faite de rencontres, à travers le fil d'une histoire inscrite dans son temps, ce recueil donne à comprendre la genèse et le développement d'une pensée, la beauté et la richesse d'une œuvre, celle d'un "infatigable semeur de questions".