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Stéphanie Exbrayat, "La thérapie Jacqueline"

Posted By: TimMa
Stéphanie Exbrayat, "La thérapie Jacqueline"

Stéphanie Exbrayat, "La thérapie Jacqueline"
2021 | ISBN: 2298176779 | Français | EPUB | 272 pages | 0.96 MB

Tout dynamiter pour mieux se retrouver !
À seulement 42 ans, Claire a perdu toute joie de vivre. Coincée entre un mari démissionnaire, un ado ingrat et d’interminables journées au travail, la jeune femme a oublié ses rêves. Lors d’un séminaire, ses collègues la mettent face à son alter ego en papier mâché, la triste et grise Jacqueline. C’est le déclic pour Claire : sa vie doit changer ! Bousculons la routine avec l’héroïne plus vraie que nature de ce roman aussi touchant qu’inspirant…

"Tandis qu’elle sort de la salle, je me dirige vers mon avatar à pas mesurés. Pour un peu, je me croirais dans un film d’horreur. Espérons que tous ces croque mitaines ne vont pas se jeter sur moi en hurlant. Ma perruque est plus belle que mes propres cheveux. Mon visage est neutre. Ni vraiment souriant ni vraiment triste. Je me souviens exactement du jour où le patron nous a tous fait poser pour le trombinoscope. C’était il y a quatre ans. Juste avant, il venait de m’engueuler parce qu’un dossier qu’il m’avait demandé à peine un quart d’heure plus tôt n’était pas prêt. Voilà pourquoi j’avais eu du mal à sourire au moment où le photographe avait lancé : « allez, cheese ! ». Mon avatar est habillé sobrement. Un chemisier gris terne, un collier de fausses perles de culture, un pantalon bleu marine, et aux pieds des bottines un peu élimées. Exactement comme les miennes. Cet avatar me ressemble. Cela ne fait aucun doute. J’ai un collier identique, que je porte assez souvent d’ailleurs. Et j’ai aussi un chemisier presque similaire, d’un gris plus clair. C’est moche comme tenue. Est-ce que c’est aussi laid quand c’est moi qui la porte ? Sur la poitrine, un Post-it a été attaché avec une épingle à nourrice. Trois mots sont écrits dessus. Je fouille dans mon sac pour trouver mes lunettes. […] Je mets mes lunettes pour déchiffrer mon Post-it.
Et je lis :
INVISIBLE
TRISTE
SOLITAIRE

Ainsi, c’est comme ça que les autres me voient ? Enfin, ne me voient pas plutôt. C’est horrible ! Les larmes me montent aux yeux. Cela veut dire que je suis transparente, que je ne sers à rien. Pire, que je n’existe pas. Trois adjectifs et pas une seule qualité. Il n’y a donc rien à sauver chez moi ? Je tente de me contenir et de ravaler mes sanglots. J’ai la gorge nouée. Il ne faut absolument pas que je pleure, pas devant tous ces cons. Je dois chercher le positif dans tout ça… Prenons « solitaire », on ne peut pas leur reprocher d’avoir choisi ce qualificatif. Je ne déjeune jamais avec eux, je ne les accompagne jamais pour prendre un verre après le boulot. Quand un pot est organisé, j’y reste cinq minutes, et encore, si je fais acte de présence. Il est donc normal qu’on dise de moi que je suis solitaire. Et puis est-ce un défaut finalement ? Non, cela ne fait pas forcément de moi une mauvaise personne. Triste ? Je n’ai pas l’impression de l’être… Quoique… Il est vrai que je ne rigole pas souvent. Voire jamais. Mais est-ce de ma faute si je ne les trouve pas drôles ? Je ne comprends pas ce qui les fait rire, leur humour est si lourd. Alors oui, peut-être que je peux sembler maussade. Quant à être invisible… Je fais tout pour ne pas me faire remarquer, je rase les murs, je n’ouvre la bouche qu’en cas d’obligation. Je veux juste être discrète, et il semble que je dois l’être un peu trop. En fin de compte, c’est affreux de l’admettre, ils ont raison !
"