Gerald Messadié, "4000 ans de mystifications historiques"
Archipel | 2011 | ISBN: 2809805466 | French | EPUB | 350 pages | 0.4 MB
Archipel | 2011 | ISBN: 2809805466 | French | EPUB | 350 pages | 0.4 MB
Socrate s'est-il vraiment donné la mort lui-même ? Clovis était-il un roi de France ? Colomb a-t-il découvert l'Amérique ? La dépouille de Napoléon repose-t-elle aux Invalides ? Alexandre Ier de Russie était-il un imposteur ? Roosevelt était-il informé de l'attaque japonaise sur Pearl Harbour avant qu'elle eut lieu ?
Jamais l'information générale et ses moyens de diffusion n'ont été aussi puissants qu'au XXIe siècle. Et pourtant, nous sommes tous prisonniers de mythes imposés dans les siècles précédents par la culture et l'enseignement, et pieusement entretenus comme faisant partie du patrimoine.
Fort d'années de recherches et de croisement des sources, Gerald Messadié démonte l'un après l'autre des siècles de fabrications, légendes, bobards, impostures, manipulations, intox, omissions coupables et autres canards, de la victoire de Qadesh par Ramsès II et des aventures de Marco Polo en Chine aux milliards envolés de la Résistance.
Quelques pittoresques personnages y surgissent, comme celui de M. de Saint-Mars, inventeur du mythe de l'homme au Masque de fer, à Edmund Backhouse, faux amant de l'impératrice de Chine Tseu-hi. Aussi édifiant qu'un roman d'aventures… !
Ramsès II : grand pharaon et premier grand mythomane
De tous les pharaons connus du grand public occidental, Ramsès II est avec Tout-Ankh-Amon l'un des plus célèbres. Ce dernier, éphémère roitelet, doit sa notoriété à l'émotion que suscita la découverte de sa tombe par Howard Carter en 1929 et aux trésors qu'elle révéla ; le premier doit la sienne à la profusion de monuments colossaux qu'il érigea sur le territoire égyptien et à ses statues gigantesques, dont celles que l'Unesco déclara partie du patrimoine mondial de l'humanité et qui furent surélevées dans les années 1960, lors de la construction du Grand Barrage sur le Nil. Ce legs formidable fait à ce jour l'admiration des touristes, aussi bien que des égyptologues.
Ramsès II fut aussi l'organisateur de la plus grande mystification du monde antique.
En 1274 avant notre ère, âgé de vingt-six ans, couronné depuis cinq ans, il lança quatre divisions dans une campagne destinée à reconquérir la place forte de Qadesh, sur l'Oronte, en Syrie, que les Hittites, peuplade du nord-est de la Méditerranée en conflit latent avec l'Empire égyptien, avaient enlevée quelques années plus tôt. Il parvint un mois plus tard à destination.
Dupé par les fausses informations d'émissaires hittites, il crut ses ennemis plus éloignés qu'ils ne l'étaient. Il commit alors une erreur tactique : à la tête de la division d'Amon, il partit de l'avant et installa son camp au pied de la citadelle dont il comptait faire le siège ; il s'isola donc du gros de son armée. Les Hittites, alors tout proches, déboulèrent dans son camp en pleine nuit et Ramsès II ne dut son salut qu'à la fuite. Il se retrouva seul dans une mêlée nocturne. Sa garde personnelle, les Néarins, lui permit cependant de résister au premier choc. La division d'Amon put alors se regrouper et, avec l'aile d'une division qui arrivait à la rescousse, celle de Rê, contint l'offensive hittite.
Le roi hittite Mouwattali avait réussi à repousser les Égyptiens.
Ramsès II ne conquit jamais Qadesh et n'en entreprit même pas le siège. Mais il transforma une déroute caractérisée en une formidable victoire. D'abord, un scribe nommé Pentaour rédigea un immense poème célébrant les triomphes successifs de son monarque dans cette épopée, lui prêtant des exploits imaginaires, comme des incursions en Mésopotamie et en Asie mineure, avec le secours héroïque de ses fils… qui avaient alors dix ou douze ans. Non content d'avoir ainsi pansé son amour-propre, Ramsès II fit ensuite réaliser des hectares de hauts-reliefs sur les murs des temples, pour illustrer ces fables.
(…)
De tous les pharaons connus du grand public occidental, Ramsès II est avec Tout-Ankh-Amon l'un des plus célèbres. Ce dernier, éphémère roitelet, doit sa notoriété à l'émotion que suscita la découverte de sa tombe par Howard Carter en 1929 et aux trésors qu'elle révéla ; le premier doit la sienne à la profusion de monuments colossaux qu'il érigea sur le territoire égyptien et à ses statues gigantesques, dont celles que l'Unesco déclara partie du patrimoine mondial de l'humanité et qui furent surélevées dans les années 1960, lors de la construction du Grand Barrage sur le Nil. Ce legs formidable fait à ce jour l'admiration des touristes, aussi bien que des égyptologues.
Ramsès II fut aussi l'organisateur de la plus grande mystification du monde antique.
En 1274 avant notre ère, âgé de vingt-six ans, couronné depuis cinq ans, il lança quatre divisions dans une campagne destinée à reconquérir la place forte de Qadesh, sur l'Oronte, en Syrie, que les Hittites, peuplade du nord-est de la Méditerranée en conflit latent avec l'Empire égyptien, avaient enlevée quelques années plus tôt. Il parvint un mois plus tard à destination.
Dupé par les fausses informations d'émissaires hittites, il crut ses ennemis plus éloignés qu'ils ne l'étaient. Il commit alors une erreur tactique : à la tête de la division d'Amon, il partit de l'avant et installa son camp au pied de la citadelle dont il comptait faire le siège ; il s'isola donc du gros de son armée. Les Hittites, alors tout proches, déboulèrent dans son camp en pleine nuit et Ramsès II ne dut son salut qu'à la fuite. Il se retrouva seul dans une mêlée nocturne. Sa garde personnelle, les Néarins, lui permit cependant de résister au premier choc. La division d'Amon put alors se regrouper et, avec l'aile d'une division qui arrivait à la rescousse, celle de Rê, contint l'offensive hittite.
Le roi hittite Mouwattali avait réussi à repousser les Égyptiens.
Ramsès II ne conquit jamais Qadesh et n'en entreprit même pas le siège. Mais il transforma une déroute caractérisée en une formidable victoire. D'abord, un scribe nommé Pentaour rédigea un immense poème célébrant les triomphes successifs de son monarque dans cette épopée, lui prêtant des exploits imaginaires, comme des incursions en Mésopotamie et en Asie mineure, avec le secours héroïque de ses fils… qui avaient alors dix ou douze ans. Non content d'avoir ainsi pansé son amour-propre, Ramsès II fit ensuite réaliser des hectares de hauts-reliefs sur les murs des temples, pour illustrer ces fables.
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