Jean-Claude Servais - La Mémoire des arbres - intégrale

La forêt, la campagne, les villages et leurs mystères. Quels que soient l'époque, le lieu ou les personnages, chaque épisode de "La Mémoire des arbres" raconte la destinée, tragique ou merveilleuse, épique ou intimiste, de marginaux, vagabonds, brigands, bandits ou assassins. Dont la vie soudain bascule, explose et se déchire comme un ciel d'orage.




Robert et Marie-Astrid. Lui, bûcheron illettré, solitaire et taiseux, a poussé en liberté comme une herbe folle. Elle, citadine frivole, arriviste et délurée, fut la maîtresse d'un notaire qui lui abandonna une partie de sa fortune. Lui, jeune encore, elle, déjà vieillissante, vingt-cinq ans d'écart. Tout les séparait. Ils s'épousèrent pourtant, s'aimèrent peut-être... Lorsque Marie-Astrid disparut, sans laisser de traces, on accusa naturellement Robert de l'avoir tuée et d'avoir escamoté le corps. Coupable? Innocent?




: Victor et Hélène. La forêt ardennaise retentit de leurs soupirs et de leurs rires complices, tandis que dans une maison frontalière des femmes dégrafent leur corsage pour y dissimuler du café de contrebande. Hélène et Victor. Amoureux fous et figures de proue de ce petit monde de trafiquants. Mais dans l'ombre guettent les "noirs", les douaniers prêts à tout pour coincer ces contrebandiers, ces "seins de café" comme ils les appellent dans la région. Entre les deux camps s'engagent une tragique partie de cache-cache, à l'ombre des grands arbres... : La première guerre mondiale a éclaté et les allemands ont remplacé les douaniers aux frontières. Victor et les contrebandières surnommées "les seins de cafés" continuent leurs fructueux échanges en ces temps de marché noir. Mais le "Grand noir" qui a juré la perte du jeune roi des contrebandiers veille, et Hélène sera la première à tomber. D'autres s'intéressent aussi aux trafiquants, et bientôt l'armée française dépêche une espionne, Lina, pour profiter de l'expérience de Victor et faire passer des messages secrets entre la France et la Belgique.




: Angèle. Elle est prête à tout, même au pire, pour gagner l'amour de Gilles. Gilles. Il est prêt à tout, même au pire, pour accomplir son destin de brigand. Mais sans elle. Dès lors, celui que l'on surnomme l'Égorgeur blond va écumer la région, volant, pillant et massacrant dans un rire effrayant. Dès lors elle va tout mettre en œuvre pour le suivre sur le chemin du crime, offrant son corps aux fermiers isolés pour mieux les dépouiller. Leurs routes sont fatalement appelées à se croiser... : Tandis que L'Égorgeur blond, qui refusa naguère l'amour d'Angèle, sème la terreur dans les campagnes, pillant et tuant sans vergogne, la Belle Coquetière et Manon délestent les fermiers concupiscents de leur argent ou de leurs bijoux. Vols ici, crimes là, la maréchaussée tente inlassablement de démêler l'écheveau de toutes ces exactions. Qui mourra ? Qui vivra ? Et vivre, dans le remords ou dans l'oubli ?




: Sous l'Occupation, des enfants juifs sont recueillis par des scouts au château de Jamoigne. Là, sous des noms d'emprunt, ils coulent des jours paisibles, loin de la fureur allemande. L'un de ces enfants, Sylvain, tombe amoureux fou de Pauline, la lavandière du château. Mais belle, insouciante, enjouée comme peuvent l'être les filles de vingt ans, Pauline n'a d'yeux que pour Alexandre, son amant. Dès lors, la vie de Pauline, comme celle de Sylvain, va basculer... : 1980. Une pauvre femme amnésique, employée comme femme de ménage dans un collège de jeunes filles, est en butte à des vexations régulières. Une de ces brimades tourne mal, et la pauvre femme tombe lourdement sur la tête. Le choc, cependant, produit un effet inespéré : la femme recouvre peu à peu la mémoire. Il s'agit de Pauline, l'ancienne lavandière du château de Jamoigne où, sous l'Occupation, furent recueillis des enfants juifs. Au même moment, à New York, Samuel Dawidowicz reçoit un coup de fil inattendu...




: Isabelle de Linnières est fille de seigneur et, à ce titre, se doit de tenir son rang. Elle doit par exemple rester dans le donjon du château pour garder sa peau blanche, signe de noblesse. Elle doit aussi apprendre à devenir une dame, car à quatorze ans révolus, elle est promise au seigneur Ansiau de Montjoie. Et pourtant, Isabelle n'aime rien tant que vagabonder dans la nature en rêvant du grand amour. Qui lui apparaît un jour sous les traits de Quentin, troubadour sans attaches et braconnier. Mais leur amour est impossible, à moins que la fée du lac ne s'en mêle, pour leur bonheur... ou leur malheur. : "Sorcière !" Non, c'est un mot qu'il ne faut pas lancer à la légère, pas au visage d'une petite vieille sous prétexte qu'elle a l'air de s'entendre avec les loups... Car à la campagne, la nuit, dans une région retirée telle que l'Ardenne, le décor est propice aux phénomènes paranormaux que d'aucuns appellent "sorcellerie". Ainsi, une vieille dame à l'air tranquille peut se transformer en loup, une jeune fille en chat, Satan peut apparaître, au détour d'un chemin boueux, pour proposer un pacte diabolique... Ici, les deux univers, le rationnel et l'irrationnel, se heurtent, et lorsque la logique devient trop forte, la sorcellerie disparaît. Mais le sorcier laisse à chaque fois un "détail" qui témoigne de sa vérité.




: Marilou est venue d'où vient la route. Elle est entrée dans la vie de Godefroid, un jour d'orage, en frappant à sa porte. L'aubergiste l'a accueillie comme serveuse, la jeune fille l'a pris pour mari. Marilou vivait d'expédients, promise à toutes les aventures. De son passé de maraudeuse, elle a gardé l'esprit libre et le cœur vagabond. Quand elle s'offre à Petrus, le pompiste, c'est parce qu'elle a trop d'amour à donner et que son mari ne lui suffit plus. Mais quand le corps de l'amant est découvert sans vie, le crâne fracassé, c'est tout naturellement Godefroid que l'on accuse et que la justice emmène loin de Marilou. Pourtant, nombreux sont les clients de l'auberge qui auraient été prêts à tout pour avoir la femme du patron pour eux seuls... : Au café frontière "Chez Marilou", Marilou, son mari Godefroid et son amant Petrus vivaient heureux. Jusqu'au jour où ce dernier est retrouvé mort, assassiné, et où Godefroid, coupable tout désigné, est arrêté. Restée seule, Marilou ne tarde pas à engager Jacques, un vagabond, pour tenir l'auberge avec elle et remplacer Petrus. Cette décision n'est pas pour plaire à tout le monde, à commencer par Godefroid, en prison, qui voit l'installation de "Jacquot", comme l'appelle dorénavant Marilou, d'un mauvais œil. Et puis, il y a l'instituteur, que la mort de Petrus et l'emprisonnement de l'aubergiste semblaient bien arranger. Au café frontière, si la vie semble reprendre son cours normal, l'ombre de la mort plane désormais au-dessus de Marilou.



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