Maya Angelou, "Tant que je serai noire"

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Maya Angelou, "Tant que je serai noire"

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«The ole ark's a-moverin, a-moverin, a-moverin, the ole ark's a-moverin along»
Les Etats-Unis de 1957 étaient à l'image de l'arche ballottée par les flots de cet ancien spiritual. Comme elle, en effet, nous allions à gauche, à droite, en avant, en arrière, souvent en décrivant des cercles concentriques.
Nos contradictions formaient un véritable labyrinthe. Les Américains, blancs et noirs, exécutaient des pas de danse parallèles, complexes et souvent dangereux. À force d'avan­cées, de retournements et de marches arrière, nous fûmes les architectes de notre propre confusion. Le pays acclama Althea Gibson, joueuse de tennis grande et élancée qui fut la première Noire à remporter le simple dames aux championnats des Etats-Unis. Le président Dwight Eisenhower fit appel aux parachutistes des Etats-Unis pour protéger les élèves noirs de Little Rock, en Arkansas, et le sénateur de la Caroline du Sud, Strom Thurmond, prononça un discours de vingt-quatre heures et dix-huit minutes afin d'empêcher le Congrès d'adopter le projet de loi sur le droit de vote proposé par la Commission des droits civiques.
En quelques mois seulement, Sugar Ray Robinson, chou­chou de l'Amérique, perdit son titre de champion des poids moyens, le récupéra, le perdit de nouveau. Cette année-là, Sur la route, roman de Jack Kerouac, dont le titre était le reflet fidèle de la psychologie nationale, connut un grand succès de librairie. Nous étions en mouvement, certes, mais nul ne connaissait notre destination ni notre date d'arrivée.
Revue de presse
Amie de Martin Luther King, de Malcolm X et d'autres légendes de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, l'écrivain et poète, qui publie en France une biographie, est une figure charismatique dans son pays…
On rit, on pleure, on se bat pour survivre, avec Maya. Quelle vie, se dit-on. On sort de cette lecture revigoré, prêt à en découdre avec la vie, à ne pas baisser les bras. Ce n'est pas le moindre des cadeaux de Tant que je serai noire. (Julia Ficatier - La Croix du 22 octobre 2008 )