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Yann Queffélec, "Dictionnaire amoureux de la Bretagne"

Posted By: TimMa
Yann Queffélec, "Dictionnaire amoureux de la Bretagne"

Yann Queffélec, "Dictionnaire amoureux de la Bretagne"
Plon | 2013 | ISBN: 2259186106 | Français | EPUB | 850 pages | 4.3 MB

De l'Aber-Ildut, son village familial, à tous ces hauts-fonds sur lesquels il a failli plus d'une fois déchirer ses bateaux, de Bécassine à la tante Sabote, cet Armoricain pure souche évoque une Bretagne tout à la fois mythique et bien réelle, c'est-à-dire éternelle.

« Ma Bretagne est une île, une grande île entourée par l’histoire de France, au pays d’Armor, la pointe aiguë du socle européen. Ma Bretagne est le pays des abers. J’ai grandi à l’Aber Idult, le premier port goémonier d’Europe, un gisement laminaire aux vertus méconnues : il absorbe à lui seul autant de dioxyde de carbone que toute la forêt d’Amazonie. Ma Bretagne est le pays des miens, disparus ou vivants : ma mère Yvonne, la première à me bercer de chansons et d’histoires ; mon père « Henri le magnifique », l’homme et l’écrivain que j’ai le plus admiré ; mes frères, Hervé, Tanguy, et ma sœur Anne, la pianiste. Ma Bretagne est le pays du vent, des partances. Ma Bretagne est le pays des travailleurs de la mer : pêcheurs à pied, pêcheurs à flot, patrons pêcheurs, pêcheurs hauturiers, gabariers, goémoniers, batteurs de grèves, humbles titans amphibies qui font corps avec le bateau pour aller loin ou qui s’en tiennent aux entrelacs périlleux du trait côtier, là où brumes et courants multiplient les noyés. Ma Bretagne est le pays des Bretonnes, le pays des épouses et des veuves Ma Bretagne est le pays des Pardon, fête où l’on se lave autant du péché par le mea culpa que par le péché lui-même, après avoir brandi croix et bannières sur le sentier du douanier. Ma Bretagne est le pays des souvenirs, les miens et ceux des anciens qui m’ont raconté l’Armorique d’avant les moteurs, la Bretagne mal aimée, vexée, réduite au silence, la Bretagne de Bécassine en délicatesse avec l’Etat français. Ma Bretagne est le pays des mangeurs de lumière, Gauguin ou Méheut, tant d’autres venus chercher leur nombre d’or et leur nuance à Pont-Aven. Ma Bretagne est mon pays usuel, mon pays définitif, j’y naîtrai toujours. »
Invité à se plier aux règles du jeu du «Dictionnaire amoureux» et des multiples entrées thématiques qu'il suppose, le romancier Yann Queffélec fait bien mieux que relever le défi de façon érudite : autour de la Bretagne, ses ports et ses rivages, ses villes et ses îles, ses spécialités culinaires et ses saints, son histoire et ses grands hommes (Saint-Pol-Roux, Tabarly…), il compose, au fil des pages et des récits qui s'enchaînent, une partition autobiographique prenante, tout ensemble vigoureuse et profonde, vivante et émouvante. (Nathalie Crom - Télérama du 15 mai 2013)

Queffélec est né à Paris. Il y a grandi et y réside toujours même s'il possède un lieu de vacances du côté de Douarnenez. Il vit la Bretagne en échappées belles, en rêveries fantasmées. Il a souvent pensé s'y installer, sans s'y résoudre jamais. Il a le coeur à marée haute de ceux qui se demandent pourquoi ils ne sacrifient pas tout à cet absolu qui l'est beaucoup moins vécu au quotidien. Cela n'empêche pas l'amour intransigeant des amants éperdus…
Reconnaissons qu'il aime tout aussi allègrement le cheval d'orgueil et le cheval couché, l'ormeau en fricassée et l'araignée mayonnaise, la pluie d'aujourd'hui et celle de demain. Et que cela vaut absolution aux pays des saints en carton-pâte. (Luc Le Vaillant - Libération du 16 mai 2013)

L'auteur, prix Goncourt de 1985, sort Dictionnaire amoureux de la Bretagne, un livre-hommage à la région qui habite son coeur. C'est un abécédaire haut en couleurs qui retrace curiosités locales et itinéraire personnel…
Il est ainsi très émouvant de découvrir qu'un des plus beaux articles du copieux dictionnaire amoureux de Yann Queffélec est celui qu'il a consacré à son père Henri, normalien de la promotion de Julien Gracq et de Georges Pompidou et fameux romancier de la mer…
Yann Queffélec n'est pas émouvant seulement dans cet article, il l'est dans chaque page de livre : enfant des eaux noires et des grandes marées, arrière-petit-neveu littéraire de François-René de Chateaubriand, c'est un écorché vif, un écrivain à la sensibilité à fleur de peau…
Dans son livre, c'est toute la Bretagne qu'il a entassée en désordre : terre, mer, livres, histoire, hommes, bateaux, bulots, îles, folklore, cochons, goélands, chansons, poèmes, cuisine, paysages. Il faut donc lire Queffélec. (Sébastien Lapaque - Le Figaro du 2 mai 2013)

Il aurait fallu intituler ce livre « Dictionnaire passionné de la Bretagne ». Yann Queffélec y déclare sa flamme à ­l'Armorique comme on l'a rarement fait…
On se retrouve donc à le suivre de Brest à Lorient, de Guérande à Saint-Malo et de saint Yves à Tabarly. Toujours aussi brillant, l'animal Queffélec, qu'il affronte les longues houles venues de l'ère des druides, les coups de chien des temps de la duchesse Anne ou la tragédie de l'émigration. C'est qu'il a réglé son bouquin sur le cap le plus sûr qui soit  : l'autobiographie. Du coup, dans une prose force 10 qui vous fouette les sangs, un français qui semble parler breton tant il est nourri du « penser breton », ses pages fendent hardiment la mer et les flots, telle la frégate de la chanson…
Si le lecteur a entamé ce dictionnaire le soir, il ne le lâchera qu'aux petites heures du matin et fatalement il y reviendra le soir suivant. Pas moyen d'y grappiller comme on le fait des palourdes dans les anses de l'aber Vrac'h ou des mûres sur les talus de Sainte-Anne-d'Auray. Il faut remonter le fil de A jusqu'à Z, explorer avec Yann les terres de sa jeunesse, où les odeurs, saveurs, couleurs - la poésie, pour tout dire - jaillissent des pages. (Irène Frain - Paris-Match, mai 2013)

Véritable roman familial, ce dictionnaire aux accents intimes nous permet de découvrir une Bretagne féconde et généreuse, mais aussi un Queffélec inédit, rieur comme une mouette, tendre comme un agneau. On y croise Eric Tabarly, Bernard Giraudeau, Marie Cloarec (la gouvernante de ses grands-parents), Louis Guilloux, Paul Gauguin. Des fantômes du passé ? En les convoquant dans cette aventure lumineuse, Yann Queffélec célèbre ce qu'il appelle (évoquant les fêtes maritimes de Brest) «les noces de la mémoire et du moment». Avouons-le, ce sont de belles noces. (Bernard Géniès - Le Nouvel Observateur du 6 juin 2013)

Une région ? Un pays. Avec sa langue, ses hérauts, ses légendes, ses complexes aussi, et surtout sa force d'émotion. Chargée d'enfance, rituelle, ensorceleuse, la Bretagne de Yann Queffélec est partiale. Non partielle. Elle est un monde, elle est univers, comme dit le poète Saint-Pol-Roux. Elle chante, festoie, sans oublier de manger autant que de bien boire et surtout de s'émouvoir…
Il faut lire ce livre-confession non comme un dictionnaire, mais comme une litanie foisonnante et lyrique. En près de 800 pages, voilà un chant d'amour élevé à un pays druidique, un peu sorcier, synonyme de terre dans la mer, de pêche et de grand vent, de houle et de passion. (Gilles Pudlowski - Le Point du 20 juin 2013)

Yann Queffélec, "Dictionnaire amoureux de la Bretagne"