Lili Keller-Rosenberg, "Et nous sommes revenus seuls"

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Lili Keller-Rosenberg, "Et nous sommes revenus seuls"

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Agée de 11 ans lorsqu'elle est raflée à Roubaix avec sa famille le 27 octobre 1943, l'auteure est déportée à Ravensbrück puis à Bergen-Belsen, où ses frères Robert et André, respectivement 9 et 3 ans, et elle sont séparés de leur mère. Quant à leur père, déporté à Buchenwald, il est assassiné trois jours avant la libération du camp. Un témoignage à hauteur d'enfant sur l'enfer des camps nazis.

Pendant des années, nous ne parlons pas à la maison de nos nombreux mois de déportation, d’inhumanité dans les camps. Nous avons le sentiment que nous ne pouvons raconter à personne cet enfer, ces souffrances quotidiennes, cette vie de bêtes battues que nous avons menée pendant près de deux ans. Nous sommes traumatisés. Les rares fois où nous essayons de l’évoquer, on ne nous croit pas. N’être pas crus nous blesse terriblement. Longtemps, nous nous sommes tus.

J’ai eu envie de rompre le silence à un moment très précis, encore vif dans ma mémoire.
Un jour, j’ai entendu à la radio quelqu’un dire que les chambres à gaz n’avaient existé que pour tuer les poux. Ces mots ont été si douloureux, si pénibles à entendre que j’ai décidé, ce jour-là, de réagir.
J’ai réfléchi à la façon dont je pouvais m’adresser à ces gens-là. La réponse qui m’est venue, c’est qu’il fallait éduquer les jeunes, les informer, les éclairer. Il me fallait témoigner pour révéler à tous, au monde, aux jeunes générations, cette tragédie à nulle autre pareille, afin qu’elle ne se reproduise plus jamais.

Revenue seule des camps de la mort avec ses deux petits frères, c'est avec ses yeux d’enfant que Lili revit chaque jour les longs mois de survie au coeur de la barbarie nazie.

Lili Leignel, née Rosenberg-Keller, 89 ans, vit à Lille. Elle consacre sa vie à témoigner auprès de collégiens et de lycéens dans toute la France. Un collège porte son nom à Halluin (Nord).