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Joseph Czapski, "Proust contre la déchéance: Conférences au camp de Griazowietz"

Posted By: TimMa
Joseph Czapski, "Proust contre la déchéance: Conférences au camp de Griazowietz"

Joseph Czapski, "Proust contre la déchéance: Conférences au camp de Griazowietz"
2012 | ISBN: 288250246X | Français | EPUB | 93 pages | 0.2 MB

Après la déportation par les Russes de quatre mille of ciers polonais dans le camp de Starobielsk, d’octobre 1939 jusqu’au printemps 1940, quatre cents d’entre eux furent déplacés à Griaziowietz : ils furent les seuls à échapper au massacre de Katyn. Afin de surmonter leur abattement et leur angoisse, les prisonniers imaginèrent de se donner mutuellement des cours ou des conférences. Tandis que d’autres parlaient d’histoire, de science ou d’alpinisme, Joseph Czapski fit une série d’exposés sur la littérature française.
Comme une mise en abyme, la remémoration de La Recherche du temps perdu par un prisonnier de guerre gravement atteint dans sa santé, sans livres ni documents à sa disposition, est elle-même une véritable création, et d’autant plus que Czapski n’est ni philosophe (il s’en excuse) ni critique professionnel (il en surclasse plus d’un…), mais lecteur et artiste, qui met en valeur la nouveauté de la phrase et de la forme proustienne, tout en ramenant son théâtre prodigieux à la liation de Saint-Simon et de Balzac.
Un lecteur qui n’a jamais lu Proust découvrira, dans ce livre
miraculeusement arraché à la déchéance, un chemin tracé vers un auteur qu’on a dit, à tort, réservé aux élites ou entaché de snobisme mondain.

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«Cet essai sur Proust fut dicté l'hiver 1940-1941 dans un froid réfectoire de notre camp de prisonniers à Criazowietz, en URSS. Le manque de précision, le subjectivisme de ces pages s'explique en partie par le fait que je ne possédais aucune bibliothèque, aucun livre concernant mon thème. Ce n'est pas un essai littéraire dans le vrai sens du mot, plutôt des souvenirs sur une oeuvre à laquelle je devais beaucoup et que je n'étais pas sûr de revoir encore dans ma vie. Dans une petite salle bondée, chacun de nous parlait de ce dont il se souvenait le mieux. Je vois encore mes camarades entassés sous les portraits de Marx, Engels et Lénine. Je pensais alors avec émotion à Proust, dans sa chambre surchauffée, aux murs de liège, qui serait bien étonné et touché peut-être de savoir que vingt ans après sa mort des prisonniers polonais, après une journée entière passée dans la neige et le froid, écoutaient avec un intérêt intense l'histoire de la duchesse de Guermantes, la mort de Bergotte et tout ce dont je pouvais me souvenir de ce monde de découvertes psychologiques précieuses et de beauté littéraire.» - Joseph Czapski (extrait de l'introduction, 1944)

Biographie de l'auteur
Né à Prague en 1896, Joseph Czapski passa son enfance en Biélorussie. Il étudia le droit à Saint-Pétersbourg puis la peinture aux Beaux-Arts de Cracovie. Czapski fut parmi les rares officiers de l'armée polonaise qui échappèrent au massacre de Katyn en 1940. Son livre Souvenirs de Starobielsk retrace ses efforts pour faire connaître la vérité à propos de ce crime. Comme peintre, Czapski fut le principal animateur du mouvement kapiste, pendant son séjour à Paris (1924-1933). Après la guerre, il vécut en exil à Maisons-Laffitte, où il collabora au mensuel polonais Kultura. Il y est mort en 1993.