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Françoise Héritier, "Masculin/Féminin", 2 tomes

Posted By: TimMa
Françoise Héritier, "Masculin/Féminin", 2 tomes

Françoise Héritier, "Masculin/Féminin", 2 tomes
Odile Jacob | 2002 | ISBN: 2738103383/2738110908 | French | EPUB | 332+443 pages | 0.5+0.5 MB

La différence des sexes structure la pensée humaine puisqu'elle en commande les deux concepts primordiaux : l'identique et le différent. La manière dont chaque culture construit cette différence met en branle toute sa conception du monde, sa sociologie et sa biologie comme sa cosmologie. Changer le rapport du masculin et du féminin, c'est bouleverser nos ressorts intellectuels les plus profonds, élaborés au fil des millénaires. En démontant les mécanismes de la différence, ce livre offre des solutions pour parvenir à l'égalité.

Tome 2: ?Ce livre, qui fait suite à La pensée de la différence, pose deux questions : Pourquoi la hiérarchie s’est-elle greffée sur la simple différence des sexes ? Est-il envisageable de la dissoudre ? À cette double question, Françoise Héritier répond en termes anthropologiques aussi bien que politiques.

Comment les hommes se sont-ils assuré le contrôle de la fécondité des femmes, ce pouvoir exorbitant d’enfanter du différent, des fils, aussi bien que de l’identique, des filles ? Comment les hommes ont-ils exploité le corps des femmes dans la pros-titution et l’entretien domestique ? Comment, en retour, les femmes n’ont-elles pu commencer à se libérer que du jour où et seulement là où les moyens de contra-ception leur ont permis de reprendre le contrôle de leur fécondité ?

Françoise Héritier examine la possibilité de changements, certains illusoires, d’autres bien réels, et cerne les obstacles qui leur font toujours implicitement barrage. Et pourtant, ces changements ne sont-ils pas la promesse d’une société où la différence et l’asymétrie seraient le fondement non d’une hiérarchie mais d’une véritable harmonie ?

Biographie de l'auteur
Auteur notamment des Deux Sœurs et leur mère et de Masculin/Féminin, Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France, où elle a dirigé le Laboratoire d’anthropologie sociale. Elle a été directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et présidente du Conseil national du sida.Elle a publié Les Deux Sœurs et leur mère et Masculin/ Féminin?I.?La pensée de la différence aux Éditions Odile Jacob.
La différence des sexes sous-tend nos représentations
Dans toutes les sociétés, la différence des sexes et la valorisation du masculin par rapport au féminin constituent des invariants dans le système des représentations. Un des devoirs de l'anthropologue est de débusquer cette structure idéologique qui est à l'origine d'une construction inégalitaire du social.
Le social n'est jamais réductible au biologique
Le différence des sexes ne relève pas de faits purement biologiques et universels. Dans toutes les sociétés humaines, cette distinction est toujours une construction d'ordre rationnel, mythologique ou idéologique, même si elle s'élabore sur des données qui appartiennent à la nature.
L'anthropologie est un outil de réflexion pour la société d'aujourd'hui.
L'anthropologue qui analyse le fondement de la différence des sexes dispose d'outils conceptuels et de matériaux concrets pour aborder les problèmes contemporains liés aux nouveaux procédés de procréation, ou au pouvoir des femmes dans la société. – Idées clés, par Business Digest

Le remarquable livre de Françoise Héritier montre que, pensés par l'homme, le genre, le sexe et sa détermination ne relèvent pas simplement de l'ordre naturel. Constructibles et recrées, ils signalent en fait un ordre symbolique et une idéologie qui visent ensuite à les établir comme des faits de nature.
Françoise Héritier nous dit «Mon action consiste à faire comprendre l'existence et la profondeur d'ancrages symboliques qui passent inaperçus aux yeux des populations qui les mettent en pratique.». Bien que plus modeste, mon métier de conseil en stratégie de marque s'apparente à cela. Je souhaiterais le montrer à travers deux exemples.

Il y a cinq ans, j'ai travaillé pour un laboratoire américain qui voulait lancer un savon destiné à l'hygiène intime féminine. Au cours d'une réunion, j'ai vu défiler des tableaux montrant les pays dans lesquels les pratiques d'hygiène étaient les plus fortes, pays considérés comme prioritaires pour le lancement. Le raisonnement, bien que logique, était partiellement faux. Car si l'hygiène est une condition nécessaire, elle n'est pas suffisante. Je me suis dit que si j'en arrivais moi-même à prendre une douche trois fois par jour, je n'utiliserais pas pour autant deux savons. L'usage de deux savons ne dépendait-il pas plutôt de la représentation du corps ? Synthétisés rapidement, les résultats de l'étude conduite pour répondre à cette question montrèrent que dans les pays de culture catholique, le sexe féminin est effectivement considéré comme une région à part qu'il convient de «purifier» (un souvenir des «Pères de l'Église»…) alors que dans les pays de culture protestante (les plus rigoureux en matière d'hygiène), le corps est «un et indivisible». De quoi changer singulièrement les options stratégiques du départ…

Autre exemple : Total. Nous n'aurions jamais pu concevoir la campagne «Vous ne viendrez plus chez nous par hasard» sans analyser profondément le système de représentations des gens.

Le pétrolier est «prométhéen». Il fouille les entrailles de la terre avec le risque de catastrophes que l'on sait. L'essence est perçue comme un produit indifférencié (son nom même le dit…), sans incidence réelle sur le fonctionnement de la voiture et dans lequel les pétroliers ajoutent des «additifs» pour le vendre plus cher. Les compagnies pétrolières sont vues comme des institutions toutes puissantes qui s'entendent sur les prix.

Face à ce constat, Total a développé une politique de services ambitieuse. Sa campagne publicitaire, en rupture avec les conventions du marché, dure depuis plus de sept ans. Les progressions de l'entreprise, en termes de notoriété et de parts de marché, prouvent que certains détours valent la peine…

Je suis donc convaincue qu'il n'est pas de stratégie de marque durable sans l'analyse du plan objectif (la nature des objets signés par la marque), du plan imaginaire (les propriétés que les gens attribuent à ces objets) et du plan symbolique (le mythe que la marque doit défendre pour créer l'adhésion et devenir universelle). Si l'un de ces trois plans manque, c'est tout l'édifice qui peut s'écrouler.

Concernant la relation Masculin/ Féminin. Il me paraît fructueux de comparer les propos de Françoise Héritier à ceux de trois autres auteurs : Elisabeth Badinter («L'un est l'autre», Odile Jacob, 1986), Gilles Lipovetsky («La troisième femme», Gallimard, 1997) et Pierre Bourdieu («la domination masculine», Seuil, 1998). Gilles Lipovetsky démontre que l'égalité des sexes n'entraîne pas leur similitude. Il n'y a pas interchangeabilité des rôles de sexes. «La révolution androgynale annoncée n'a pas eu lieu». Pierre Bourdieu, décèle la persistance de la domination masculine, à travers différents objets, dont la jupe, «sorte de corset invisible, qui impose à la femme une retenue, une manière de s'asseoir, de marcher…»

Quatre regards qui nous prouvent «l'opacité du sujet». Quatre ouvrages qui nous invitent aussi à remettre notre pensée en mouvement… – Edwige Blanc– – Business Digest

Les femmes et les hommes sont différents. Ils le savent, et depuis longtemps. Ces différences ont été consignées, dans toutes les civilisations, selon des schémas d'opposition binaires, définissant les pôles du masculin et du féminin. Mais d'où vient que se soit glissée dans les esprits l'idée d'une hiérarchie entre ces deux principes ? L'énigme de la valorisation différentielle du masculin par rapport au féminin faisait l'objet du premier volume de Masculin/Féminin. En ethnologue patentée, elle s'appuyait sur de vastes données d'observations pour établir l'universalité de ce fait culturel et pour essayer de l'expliquer. L'objectif de ce nouvel ouvrage est plus pratique, voire politique : il ne s'agit plus de penser la différence sexuelle mais de "dissoudre la hiérarchie" en s'en prenant aux préjugés qui entretiennent la domination du masculin. Car la phallocratie n'est pas une fatalité. D'après l'ethnologue, l'enjeu de l'assujettissement culturel des femmes est le contrôle du pouvoir de procréation. Dans cette perspective, la reconnaissance du droit à la contraception représente une émancipation majeure qui a déjà fait date dans l'histoire de la condition féminine et, si la thèse est juste, qui représentera le levier juridique permettant de renverser des siècles d'hégémonie masculine à l'échelle de la planète. Sur le fond de cette problématique, Françoise Héritier aborde un certain nombre de débats (procréation artificielle, parité, prostitution) directement liés à la cause des femmes dans les sociétés démocratiques. L'avenir dira si la pilule agit aussi efficacement sur les esprits que sur les corps et peut durablement libérer les mœurs du poids de mentalités ancestrales. –Emilio Balturi