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Valérie Lecasble, Airy Routier, "Le flambeur : la vraie vie de Bernard Tapie" (repost)

Posted By: TimMa
Valérie Lecasble, Airy Routier, "Le flambeur : la vraie vie de Bernard Tapie" (repost)

Valérie Lecasble, Airy Routier, "Le flambeur : la vraie vie de Bernard Tapie"
Grasset | 1994 | ISBN: 2246488710 | French | PDF | 459 pages | 111 MB

Très vivant, avec beaucoup de conversations et de montages financiers vaillamment reconstitués, ce livre raconte l'ascension et la chute, au milieu des années 90, d'un p'tit gars du Bourget. Tout en gueule et en charme carnassier. Peut-être ce texte est-il un peu plus à charge qu'à décharge vis à vis de Tapie : ah, décidément, il n'est vraiment pas de notre monde, ce fils de prolo tonitruant. Mais bon, de l'excellent travail dans l'ensemble. Et toute une époque est balayée (économie, politique, sport, finance, justice), à travers le prisme dilaté de l'ancien patron dépeceur.
Le roman d'un menteur
Si ses performances de chef d'entreprise sont peu convaincantes, Bernard Tapie s'est montré un maître du marketing politique. Alors que la gauche était aspirée par le vide idéologique et les scandales, il représente l'homme de chair qui traduit en termes simples, voire simplistes, l'état d'esprit d'une partie de l'opinion. Et, après son bras de fer cathodique fin 1989 contre Jean-Marie Le Pen, il apparaîtra aux yeux de beaucoup de Français - dont François Mitterrand - comme un rempart contre le Front national.

C'est là son fonds de commerce politique personnel, jugent Valérie Lecasble et Airy Routier, journalistes, auteurs d'un ouvrage de 460 pages sur Bernard Tapie. Le président de la République avait déjà flairé l'odeur de grand fauve chez ce champion de la société du spectacle et de l'argent que lui avait présenté Jacques Séguéla.
De grands patrons comme Ambroise Roux, Francis Bouygues, Georges Pébereau, Maurice Lévy ou Patrick Le Lay étaient tombés sous le charme. Jean-Louis Bianco, Jacques Attali ou Michel Charasse également. Aussi, après le naufrage du gouvernement Cresson, Pierre Bérégovoy, accédant à Matignon, n'avait plus d'autre issue que de suivre la recommandation du président de la République: prendre le joker Tapie dans son équipe.
Qu'importe, comme le démontrent les auteurs, que ce menteur au parler vrai ait emprunté depuis longtemps les chemins de traverse? Le futur Premier ministre connaissait le sulfureux dossier Tranchant. Mais il savait gré à Tapie d'avoir racheté la société Look pour sauver des emplois dans sa ville de Nevers.

Déroulant leur enquête sur le ton du roman, Airy Routier et Valérie Lecasble n'épargnent ni Tapie (qui les a malgré tout fascinés), ni le gratin des affaires (surtout pas le Crédit lyonnais qui, via sa filiale SDBO, donna l'impression de ne jamais être trop généreux), ni les hommes politiques aux manettes (comme Henri Emmanuelli alors secrétaire d'Etat au Budget, mais aussi Alain Madelin, Charles Pasqua ou Nicolas Sarkozy), qui levèrent les obstacles sur la route du flambeur.
Ils dévoilent aussi les discrètes alliances avec Le Pen à l'occasion des régionales. Le tout raconté par le menu dans un livre qui finalement en appellera peut-être un autre. Au cas où la carrière de Tapie rebondirait à nouveau: déjà, au milieu des années 70, l'ancien petit chanteur de rock charmeur et mégalo parlait de l'Elysée. –Gilles Bridier– – L'Expansion