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Ruwen Ogien, "Philosopher ou faire l'amour"

Posted By: TimMa
Ruwen Ogien, "Philosopher ou faire l'amour"

Ruwen Ogien, "Philosopher ou faire l'amour"
2014 | ISBN: 224680227X | Français | EPUB | 157 pages | 0.3 MB

Armée de ses seuls concepts, la philosophie peut-elle saisir ce qu’il y a de charnel, de déraisonnable et d’ineffable dans chaque histoire d’amour ?
Pour Ruwen Ogien, la réponse ne fait aucun doute : le philosophe ne doit pas abdiquer ses droits devant l’émotion, le sentiment, la passion.
Son projet ? Ecrire un De l’amour rigoureux – quoique facétieux.
Et traiter de cet obscur objet comme s’il s’agissait de n’importe quelle autre chose de la vie.
D’où ce livre où, irrespectueux, « l’ami de la sagesse » s’interroge :
L’amour est-il plus important que tout ? Peut-on aimer sans raison ? Ou sur commande ? L’amour se situe-t-il par-delà le bien et le mal ? Et, s’il ne dure pas, est-ce quand même un amour véritable ? A suivre…

Biographie de l'auteur
Docteur en philosophie et en anthropologie sociale, Ruwen Ogien s’est notamment intéressé à la philosophie morale et à celles des sciences sociales. Il a publié des ouvrages marquants sur la pornographie, les questions bioéthiques ou encore la liberté d’expression. Son ouvrage, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, a obtenu en 2012 le Prix Procope des Lumières. Il est décédé le 4 mai 2017.
A rebours d'une pensée dominante qui porte l'amour au pinacle, Ruwen Ogien l'ausculte sans prendre de gants. Et en dézingue tous les clichés béats…
Ruwen Ogien déconstruit la permanente glorification de l'amour, ce souverain bien, jouissant d'un régime d'exception. Il dégonfle la baudruche, procédant à l'inverse, listant et évaluant tous les problèmes «logiques et moraux» inhérents aux clichés sur l'amour…
Influencé par la philosophie analytique, Ruwen Ogien expérimente de livre en livre le cadre de son éthique «minimale», dont le seul impératif moral consiste à ne pas nuire à autrui. Pour le reste, l'homme est libre. Notre espiègle philosophe aussi, Cupidon franc-tireur décochant ses flèches contre le moralisme ambiant. (Juliette Cerf - Télérama du 17 septembre 2014)

Le propos d'Ogien n'est pas de montrer que la philosophie, avec ses catégories abstraites, est incapable de saisir «ce qu'il y a de charnel, de sensuel, d'émotionnel, de particulier dans chaque histoire d'amour» - ni le contraire. Il n'est pas davantage de considérer toutes les définitions qui ont été données de l'amour - ni de les déconsidérer. Le livre présente «un panorama général des différentes formes d'amour (sexuel, romantique, moral, céleste)», et examine les «six idées» qui en sont à la base. A savoir : l'amour est plus important que tout ; l'être aimé est irremplaçable ; on peut aimer sans raison ; l'amour est au-delà du bien et du mal ; on ne peut pas aimer sur commande ; l'amour qui ne dure pas n'est pas un amour véritable. Vaste programme. Mais ce qui fait de Philosopher ou faire l'amour un livre rare, sinon unique, c'est la façon dont Ogien le réalise, dont il dresse «le portrait logique et moral de l'amour»…
Avec sa loupe d'entomologiste décoiffé, Ruwen Ogien regarde tout de près et, mine de rien, petit sourire goguenard aux lèvres, coupe avec sa pincette toutes les pièces nécrosées, poussiéreuses, convenues, du discours amoureux. (Robert Maggiori - Libération du 18 septembre 2014)

Dans un essai iconoclaste, Ruwen Ogien déconstruit tous les stéréotypes accumulés depuis Platon sur l'amour. Un livre jouissif qui invite à élargir les territoires potentiels de l'amour plutôt qu'à le réduire à des chansons usées…
Ce qui importe, c'est de saisir qu'une «conception non essentialiste» de l'amour n'impose rien de fixe, d'éternel, d'universel, afin de laisser à toutes les innovations pratiques la possibilité de se déployer. Les éloges actuels de l'amour, qui se présentent comme une forme de dépassement de soi vers l'autre, partagent ce défaut majeur, selon l'auteur : ils masquent le fait que «l'éloge de l'amour est devenu un genre qui exprime la pensée conservatrice qui sévit désormais à droite comme à gauche» et sert à «justifier le refus de toute innovation normative en matière de mariage, de sexualité ou de procréation». La plus juste façon d'aimer l'idée de l'amour, c'est de la laisser se déplacer, pour ne pas la réduire à une certaine conception de la perfection humaine, forcément partielle et imparfaite. Ce déplacement souhaité permettrait de substituer un «et» à un «ou», pour affirmer avec l'auteur : philosopher et faire l'amour. (Les Inrocks, octobre 2014)

A ceux qui chantent aujourd'hui les charmes de l'amour - il est vrai dans un détonnant concert (Luc Ferry, Alain Finkielkraut, Alain Badiou…) -, Ruwen Ogien répond qu'il faudrait d'abord philosopher. Froidement et sans sombrer dans la célébration immédiate. Il faudrait se demander, par exemple, pourquoi le bonheur, depuis Saint-Just et jusqu'aux manuels de psychologie positive, est devenu une denrée démocratique, tandis que l'amour, le vrai, est resté sacré, mystérieux, élitiste…
Vif, enlevé, sérieux mais plein d'humour, cet essai se veut une réponse au fait que " l'éloge de l'amour est devenu un genre qui exprime une pensée conservatrice ". On termine la lecture convaincu que la philosophie mérite un synode, d'où il ressortirait que toutes les sortes d'amour (éphémère, vénal, infidèle…) sont bonnes à vivre. Amour pour tous ! (Julie Clarini - Le Monde du 23 octobre 2014)