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Alphonse Broy, "Le broyeur", tome 1 et 2

Posted By: TimMa
Alphonse Broy, "Le broyeur", tome 1 et 2

Alphonse Broy, "Le broyeur", tome 1 et 2
2021 | ISBN: 2954613807 | Français | EPUB | 918 pages | 0.99 MB

Tome 1 - Concerto pour chargeurs
Ma mère m’a baptisé Alphonse. Alphonse Broy. Je devais être un bébé sacrément moche pour inspirer un blaze pareil. Ou elle détestait mon père. On me surnomme également Le Broyeur.
Une existence de privé tranquille, rythmée par les boulots mal payés, quelques jupes trop rarement dégrafées et des clopes trop vites fumés.
Au fond de ma cafetière ce matin, des nénuphars flottaient. Je suis resté un moment à les regarder, tentant de me rappeler à quand remonte le dernier frais coulé. Trop longtemps, certainement. Si l’on patiente suffisamment, est-ce que des têtards finissent par y nager ? Je me suis levé tôt. La bière fait travailler la vessie. L’âge aussi. J’ai pour habitude d’éviter de me recoucher une fois les yeux ouverts. Ça me donne le caillou.
J’aurais dû, pour une fois.
Certains attirent les balles comme la moquette la confiture de groseille. Un cadavre avant le premier café, il ne faut pas s’étonner que la semaine vire au brutal. Des smartphones vérolés, une avalanche de viande froide, une hyène, une mineure hackeuse, un poulet spécialiste des vols de caravanes, un PT Cruiser blindé.
Et une jolie infirmière.
Pour Le Broyeur, ce soir, c’est concerto pour chargeurs.

Tome 2 - Requiem pour une naine
Il y a des rades miteux où l’on jette l’ancre pour s’y consumer à petit feu. Le patron du bar est avachi à pleins bras sur son zinc, il semble n’être qu’une tête posée sur deux cuisses de chimpanzé. Dehors, il drache à verse. Un prétexte comme un autre pour mouiller ici. Alphonse Broy. Vous parlez d’un nom. Un blase idéal pour se faire cogner dessus dès la cour de récréation, prédestiné à broyer du noir dans un rade de troisième zone. Si la qualité du bar est le miroir de l’âme, le mien a dégringolé.Je relève la tête au son du carillon de la porte. Je fais bien. Dégoulinante de flotte comme elle l’est, elle ressemble à un ange déchu. Les plafonniers du bistrot se reflètent dans le plastique anthracite de son imperméable, tandis que deux talons, fins comme des lames, viennent résonner sur les dalles alors qu’elle s’approche du comptoir. La finesse de ses chevilles est soulignée par la couture noire de bas disparaissant trop vite sous son manteau. Une invite muette à en suivre les rails. Je n’ai jamais su résister à la voix des anges, surtout quand ils vous demandent de les raccompagner.Malheureusement, croiser la trajectoire d’un Broyeur revient souvent à croiser celle des valdas. C’est bien connu, les anges supportent mal les rafales. Quand le bitume vire au carmin, se recouvrant de veines sanglantes sur fond de goudron, le Broyeur reprend du service, quitte à mettre la ville à feu et à sang. Et c’est reparti pour un tour. Un Mickey, un hosto, des paumés, des dents, des cloches, des webcams, une poire de douche.Pour le Broyeur, ce soir, c’est requiem pour une naine.