Arte - Mr Brown (2011)

Le parcours époustouflant du parrain de la soul, conté par Philippe Manoeuvre.
"Le plus gros bosseur dans le show business". James Brown en était fier de ce titre. Gros bosseur, d'abord, pour ne pas dire tyran invétéré, comme quelqu'un qui collait des amendes à ses musiciens s'ils avaient le malheur de sortir du rythme. Le Show, ensuite. Pour le "Soul Brother n°1" le spectacle était sacré, qu'il joue devant 20 ou 10 000 personnes. Et puis le business, évidemment, ces millions de dollars accumulés en grappillant le moindre centime qui lui était dû, sur ses droits d'auteur et ses concerts.
C'est cette carrière fulgurante que retrace avec son enthousiasme juvénile habituel Philippe Manoeuvre. Le critique plutôt spécialisé en rock maîtrise son sujet, il est l'auteur de la meilleure biographie française de James Brown (James Brown - 2007, éditions du Chêne). Des bas-fonds de la Caroline du Sud, où le jeune prodige amusait les GI avec ses danses loufoques, jusqu'à la constitution d'un véritable empire préfigurant celui de Jay-Z (restos, radios, jet privé, immobilier…), l'histoire de Mr Brown regorge d'anecdotes croustillantes comptées avec humour par ses musiciens et choristes (mention spéciale au bassiste Bootsy Collins).
Mais au-delà de ce parcours hors norme, il y a la musique, à laquelle ce documentaire fait la part belle. Ce groove irrésistible, puissant, indémodable. La force du parrain de la soul est d'avoir fait coexister la démesure émotionnelle de la soul avec la précision effarante d'une rythmique quasi militaire. 55 minutes, c'est trop court (on aurait aimé Stay on the screen, like a sex machine plus longtemps) mais inutile de dire que la magie opère et qu'après ça, il sera difficile d'aller se coucher.