(Arte) Tamanrasset (2011)

(France, 2007, 88mn)
ARTE F
Réalisateur: Merzak Allouache
Image: François Kuhnel
Musique: René Marc Bini
Montage: Youcef Tobni
Acteur: Abdelafid Metalsi, Ahcene Benzerari, Denis Lavant, Hélène Alexandridis, Leila Slamani, Marc Susini, Mohammed Nesrate, Sarah Pratt, Stéphane Caillard
Auteur: Dominique Garnier, Judith Louis, Merzak Allouache
Costumier: Laurence Struz
Décors: Mustapha Tabit
Production: ARTE France, Studio International
Producteur: Caroline Lassa, Jérôme Minet
Rédacteur: François Sauvagnargues
Son: Gérard Mailleau

Partie réaliser une campagne de pub dans le Sahara algérien, une équipe française est témoin du trafic et du racisme dont sont victimes les clandestins. Portrait sans complaisance d'un pays sous tension, avec Denis Lavant en photographe à fleur de peau.

Tamanrasset, dans le sud de l'Algérie. C'est dans cette région du Sahara, et pour un coût plus modique qu'au Maroc, qu'Isabelle et son équipe vont shooter les images d'une campagne de pub. Marchand d'Esquimau, l'annonceur a ses exigences : il veut une Black, une Blanche et une Beure savourant des glaces dans l'aridité du désert. Photographe de renom, Philippe a accepté le job, bien qu'il trouve l'idée tarte. Très vite, l'atmosphère se tend. Suivie en permanence par Adlan et Hakim, deux policiers chargés d'assurer la sécurité, l'équipe croise dès le premier jour un camion rempli de clandestins. Le malaise grandit quand leurs gardes du corps dénoncent le convoi à la gendarmerie et qu'au retour, Hakim barre la route au passeur et le frappe.

L'Algérie sans visa

Réalisateur de nombreux films révélateurs de la société algérienne (d’Omar Gatlato, en 1976, à Bab el-Oued City en 1994 et L’autre monde en 2001) ainsi que d’autres fictions diffusées par ARTE (Alger-Beyrouth, La solitude du manager), Merzak Allouache brosse un tableau sans complaisance de son pays d’origine, montrant le trafic des clandestins, parqués, rejetés mais utilisés aussi comme main-d’oeuvre à bon marché. Il pointe aussi l’inconséquence occidentale : le mannequin, qui chipote sur la nourriture, pendant qu’un esclave des temps modernes se fait houspiller par son patron car il ne la sert pas assez vite, l’indignation vite oubliée, la politique de l’autruche.

Mais l’épaisseur du film tient aussi à sa capacité à construire une pléiade de personnages d’origine et de tempérament différents, qui réagissent à la violence larvée de cette Algérie sous tension chacun à leur manière et se révèlent tantôt dignes, tantôt lâches. Sans manichéisme, Algériens et Français se débattent avec leurs histoires personnelles, leurs contradictions, leurs stratégies de survie.

Avec sa silhouette dégingandée d’éternel adolescent, Denis Lavant est crédible en photographe et vieux loup solitaire, touché au coeur par les conditions de vie des clandestins.